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"Mauvaises herbes" : Kheiron, Catherine Deneuve et André Dussollier en friches

Kheiron avait touché avec "Nous trois ou rien", l’histoire de ses parents avec enfant (lui-même), réfugiés politiques en France du régime du Shah d’Iran. "Mauvaises herbes" en est un peu la suite, puisqu’il y joue un jeune éducateur auprès d’élèves difficiles en banlieue parisienne, expérience qu’il a vécue. Il s’adjoint la présence de Catherine Deneuve et d'André Dussollier, pour un bilan mitigé.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Kheiron, Catherine Deneuve et André Dussollier dans "Mauvaise herbes" de Kheiron
 (Mars Films)

Survie et rédemption

L’autofiction a le vent en poupe, tant en littérature qu’au cinéma. Un choix que confirme Kheiron, acteur, réalisateur, scénariste, qui dans ses deux premiers films choisit de raconter son enfance, puis son adolescence, en les teintant de comédie et de fiction pour le cinéma. Waël (Kheiron), orphelin après un massacre de Chrétiens et de Musulmans au Proche-Orient, est recueilli, puis placé en banlieue parisienne où il devient un petit délinquant. Un concours de circonstances le mène à s’improviser éducateur intermittent auprès d’élèves en difficulté. Une expérience qui va leur profiter mutuellement.
La scène d’ouverture évoque le massacre de Sabra et Chatila (1982) où les milices chrétiennes de Beyrouth tuèrent à l’aveugle un nombre indéterminé de civiles palestiniens (entre 460 et 3 500), toutes confessions confondues. Kheiron réalise une reconstitution convaincante, sans référence historique explicite, pour mieux se tenir à distance d’un discours manichéen politico-religieux. L’on bascule alors dans la banlieue parisienne contemporaine, où Waël qui a perdu ses parents, survit d’expédients au côté de Monique (Catherine Deneuve), une septuagénaire peu conformiste. Sensible au charisme de Waël, elle va convaincre son ami Victor (André Dussollier) de remplacer au pied levé un éducateur auprès de jeunes récalcitrants à l’autorité.

Trop lisse

Kheiron raconte ce parcours en l’entrecoupant de flash-back sur l’errance du petit Waël dans Beyrouth après le massacre, son accueil par une nonne, puis son adoption en France. Une bonne idée de mise en scène qui tout le long du récit nourrit la personnalité du jeune héros et les raisons pour lesquelles il est en phase avec les jeunes gens dont il a la charge. Ce qui pourrait être dramatique dans l’écriture et la réalisation, Kheiron le transforme en comédie, avec des situations et des dialogues, parfois bien troussés. D’autant que le groupe de collégiens en rupture auquel se confronte Waël est interprété par des acteurs non professionnels qui fonctionne très bien.
Kheiron et Leila Boumedjane dans "Mauvaises herbes" de Kheiron 
 (Mars Films)
Là où le bât blesse, c’est dans le teneur d’un récit trop lisse au regard d’un sous-texte traumatique et social lourd. Avec la figure convenue de la jolie immigrée de deuxième génération qui a réussi (Leila Bourmedjane), dont tombe amoureux le looser en sursis. Malgré ses bonnes intentions, ce côté "feel good movie" est au final maladroit. Un sentiment renforcé par le jeu d’une Catherine Deneuve peu convaincante et d’un André Dussollier mal casté, ni à sa place, ni crédible. Peut-être est-ce la direction  d’acteurs qui pêche, trop de respect envers le professionnalisme d’acteurs confirmés, laissés en roue libre. Dommage.
"Mauvaises herbes" : l'affiche
 (Mars Films)

LA FICHE

Genre : Comédie
Réalisateur :  Kheiron
Pays : France
Acteurs :  Kheiron, Catherine Deneuve, André Dussollier, Louison Blivet, Adil Dehbi, hakou Benosmane, Youssouf Wague, Ouassima Zrouki, Leila Boumerdjane
Durée : 1h40
Sortie : 21 novembre 2018

Synopsis : Waël, un ancien enfant des rues, vit en banlieue parisienne de petites arnaques qu’il commet avec Monique, une femme à la retraite qui tient visiblement beaucoup à lui. Sa vie prend un tournant le jour où un ami de cette dernière, Victor, lui offre, sur insistance de Monique, un petit job bénévole dans son centre d’enfants exclus du système scolaire. Waël se retrouve peu à peu responsable d’un groupe de six adolescents expulsés pour absentéisme, insolence ou encore port d’arme. De cette rencontre explosive entre « mauvaises herbes » va naître un véritable miracle.

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