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"Mauvaises filles" : le scandale des maltraitances du clergé sur la jeunesse dans un documentaire bouleversant

Une visite des maisons de correction religieuses du milieu du XXe siècle, guidée par celles qui y ont laissé leur jeunesse. Un premier documentaire d’Emerance Dubas à découvrir en salle mercredi 23 novembre.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Mauvaises filles" d'Emerance Dubas (2022). (ARIZONA DISTRIBUTION)

Des années 1950 à 70, des milliers de fillettes et jeunes filles ont été placées dans des institutions religieuses en France, destinées à "corriger" leur comportement. Quatre d’entre elles témoignent de leur sort et de leur résilience dans Mauvaises filles, en salle mercredi 23 novembre. Un premier documentaire d’Emerance Dubas qui soigne tout autant son sujet que son image.

Inquisition

Interviewées face caméra ou en off, Édith, Michèle, Éveline et Fabienne racontent leurs errances dans les institutions dispersées en France de la Congrégation de Notre-Dame de la Charité du Bon Pasteur. Des maisons de correction tenues par des religieuses. Recluses, sans aucun contact avec l’extérieur, les pensionnaires se retrouvaient sous une autorité de fer, en toute discrétion. Chacune évoque les excès de cruauté et les tortures, que compensaient la solidarité entre les pensionnaires.

C’est à l’Inquisition que nous ramène Mauvaises filles, en plein XXe siècle. Si les sorcières furent rarement des enfants, les maltraitances qu’ont subies, adolescentes, Édith, Michèle, Éveline et Fabienne, font penser à leur sort au Moyen Âge. Malnutrition, douches à la Saint-Glinglin, hygiène précaire, brimades physiques, isolation, courrier intercepté et visites interdites… ponctuent leur quotidien. Rythmée par les messes et les vêpres, jusqu’à la majorité, leur jeunesse a été saccagée.

Paquebot fantôme

Alors qu’elles égrainent un chapelet d’horreurs, la vivacité de ces femmes dans leurs témoignages étonne. Leur sortie du Bon Pasteur mériterait de faire l'objet d'un deuxième film. D’autant qu’Emerance Dubas apporte un œil dans ses beaux travellings au milieu des ruines de l'institut de Bourges. C'est un paquebot fantôme de pierre, laissé à l’abandon, toutes vitres brisées, aux escaliers boiteux, donnant sur des étages fangeux, humides et froids.

Mais qui sont ces "mauvaises filles" ? Non désirées, les parents s’en débarrassent prétextant leur caractère réfractaire et colérique. Elles peuvent être des victimes gênantes de pédophiles, des filles-mères, des "moins que rien" seulement bonnes à souffrir. Sujet inédit à l’écran, ces Mauvaises filles trouvent entre les mains d’Emerance Dubas la meilleure des ambassadrices.

L'affiche de "Mauvaises filles" d’Emerance Dubas (2022). (ARIZONA DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : documentaire
Réalisateur : Emerance Dubas
Pays : France
Durée : 1h11
Sortie : 23 novembre 2022
Distributeur : Arizona Distribution

Synopsis : Insoumises, rebelles, incomprises ou simplement mal-aimées. Comme tant d’autres femmes, Édith, Michèle, Éveline et Fabienne ont été placées en maison de correction à l’adolescence. Aujourd’hui, portée par une incroyable force de vie, chacune raconte son histoire et révèle le sort bouleversant réservé à ces "Mauvaises Filles"  jusqu’à la fin des années 1970 en France.

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