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Maïwenn couronne Vincent Cassel dans "Mon Roi"

Vincent Cassel crève l'écran dans le quatrième film de Maïwenn, déployant toute sa palette dans un rôle de charmeur, bien moins superficiel qu'il n'y paraît. Avec Emmanuelle Bercot, excellente elle-aussi et récompensée par le prix d'interprétation féminine à Cannes, il forme un couple déséquilibré mais amoureux, dont le divorce n'a pas réussi à neutraliser toute la passion.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot dans "Mon Roi", le nouveau film de Maïwenn
 (Shanna Besson StudioCanal)

Je t'aime, moi non plus. .. Tony (Emmanuelle Bercot) et Georgio (Vincent Cassel) forment un de ces couples que les revues de psychologie qualifient d'atypiques. Lui, l'oiseau de nuit, flambeur, séducteur, hâbleur, baratineur… mais tellement charmant. Elle, l'anti-bimbo, l'avocate, posée, fidèle, réaliste … Comment ces deux là ont-ils pu faire affaire ensemble ? L'amour et ses mystères. Une relation déséquilibrée, aux timings mal réglés. Ils se quittent, se retrouvent, se font du bien et beaucoup de mal.

En rééducation pour remettre en état un genou abîmé, Tony souffre physiquement. Entre deux séances, elle revoit les étapes de cette passion déchue. Le film s'articule sur ce chassé croisé très fluide entre ses deux vies. Avec et sans Giorgio.

Sur ce sujet aux ressorts assez classiques, Maïwenn signe un film très personnel, une fois de plus. Très réussi, pour dire les choses.

La réalisatrice a une incroyable capacité à tirer vers le haut tous ses acteurs, en particulier un Vincent Cassel meilleur que jamais. Ado attardé, jouisseur, profondément sympathique malgré ses encombrants défauts, brutalement capable d'imposer d'une seconde à l'autre une chape de gravité menaçante lorsque le divorce se profile. Tous les pièges étaient réunis pour verser dans la caricature, Cassel les contourne avec élégance.

Moins spectaculaire, Emmanuelle Bercot est, elle aussi, remarquable, parfaitement crédible, y compris dans les quelques scènes où elle explose littéralement, libérant sa douleur devant des amis médusés. Une performance qui a convaincu le jury présidé par les frères Coen au dernier festival de Cannes, qui lui attribué le prix d'interprétation féminine. 
Les seconds rôles sont aussi aux petits oignons, de Louis Garrel (frère cynique et bienveillant de Tony) à Norman (oui, oui, le Youtubeur), tout à fait convaincant au sein d'une chouette bande de jeunes en rééducation.

Reportage : S.Gorny, A.Berthiau, G.Gheoghita :


Maïwenn aime et sublime ses acteurs, qu'elle aime laisser s'exprimer sur la longueur (pas loin de 200 heures de rushes tournés à deux caméras !). Ce quatrième film, co-écrit avec Etienne Comar (scénariste et producteur des "Hommes et des Dieux") confirme son talent fou et la place prépondérante qu'elle occupe dans le cinéma français.
 

Mon roi de Maïwenn (France) avec Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel, Louis Garrel, Isild Le Besco, Norman Thavaud, Camille Cottin - 2h10, Sortie: 21 octobre 2015.

Synopsis : Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré ? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer.

Reportage : E.Colin / D.Chevalier


 

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