"Les Habitants" : c'est arrivé près de chez vous
De Alex Van Warmerdam (Pays-Bas - 1995), avec : Alex Van Warmerdam, Annet Malherbe, Leonard Lucieer - 1h45 - reprise : 26 décembre
Synopsis : Une femme qui, sur les conseils dʼune statue de Saint-François, se prive de nourriture pour plaire au Seigneur. Un enfant qui, fasciné par la guerre civile au Congo, se déguise en Noir et se fait appeler Lumumba. Un facteur bien indiscret, un garde-chasse myope et stérile, un boucher à l'appétit sexuel débordant qui ne manque pas dʼimagination pour capturer ses proies. Voici quelques éléments dʼune comédie des plus insolites sur la vie des habitants dʼun lotissement perdu, dans le Nord de lʼEurope.
Si « Les Habitants » est classifié dans le genre « comédie », c’en est une des plus noires. Situé à la fin des années 50 dans un lotissement en devenir et à l’abandon, entre un petit bois aux arbres trop bien alignés pour être honnête et ce que l’on devine être un polder, le film du Néerlandais Alex Van Warmerdam s’inscrit dans une tradition de ton du cinéma nordique. S’y’entremêlent une vision sombre de nos mœurs contemporaines et un humour décalé frisant avec le surréalisme.
C’est dire si « Les Habitants » se démarque des productions lambda, le film ayant ses inconditionnels pour sa vision acerbe des mœurs policée, morales, sinon rigoristes des sociétés nordiques, derrières lesquelles se dissimulent frustrations et fantasmes aux conséquences dangereuses pour ceux-là mêmes qui les défendent. Lisible dans le scénario, la thèse, si thèse il y a, est servie par une mise en scène très en phase avec son propos, à la mise en images froide et distante, comme entomologique, de ce microcosme pris en flagrant délit de dérapages. Burlesque noir
Le style à la prépondérance visuelle des « Habitants » a souvent identifié le film à ceux de Jacques Tati ou de Pierre Etaix, qui ont d’ailleurs collaboré ensemble. Tous renvoient au burlesque, mais un burlesque froid, distancié, toutefois chaleureux par la compassion qu’inspire ces personnages pris dans un maelstrom sociétal dans lequel ils sont comme englués, dont la seule issue est l’excès, pour se retrouver finalement au ban de la société.
Anticonformiste, iconoclaste, voire dérangeant, « les Habitants » ne ressemble en fait qu’à lui-même. Alex Van Warmerdam, à l’écriture, derrière et devant la caméra, crée véritablement un monde, pour mieux décrypter le nôtre.
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