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"Les Derniers jours" : une fin du monde agoraphobe

Les films de fin du monde constituent un sous-genre de la science-fiction depuis belle-lurette. Il n’y en jamais eu autant depuis cette fameuse histoire de calendrier maya qui annonçait l’apocalypse pour décembre 2012. La date fatidique passée, le traitement du sujet n’a rien perdu de sa verve sur les écrans, ces « Derniers jours » en étant un magistral avatar.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Les Derniers jours" d'Alex Pastor et David Pastor
 (Rezo Films / Lucia Faraig )

De Alex Pastor, David Pastor (Espagne), avec : Quim Gutiérrez, José Coronado, Marta Etura - 1h40 - Sortie : 7 août 2013

Synopsis : Depuis la propagation d’un étrange et foudroyant virus, le monde est devenu terrifiant : sortir est désormais impossible. Cloîtrés dans leurs maisons, leurs bureaux, les gares, les gens sont condamnés à vivre enfermés et doivent se battre pour leur survie. A Barcelone, Marc, piégé dans son bureau, se retrouve séparé de sa femme Julia. Contraint de faire équipe avec Enrique, son pire ennemi, il part à sa recherche dans les entrailles de la ville.

Agoraphobie aigüe
Contrairement à la France, la production espagnole développe un cinéma fantastique de très haut vol (« Les Autres », « L’Echine du Diable », [REC]…). C’est le fruit d’une tradition qui remonte aux années 70, avec des réalisateurs tels que Jesus Franco, Paul Nashy (également acteur), Jorge Grau,  ou Amando de Ossorio qui revisitaient une épouvante gothique dans des films de série B, voire Z, plus ou moins réjouissants. Les frères Alex et David Pastor reprennent le flambeau, avec ce très réussi « Les Derniers jours », après avoir signé sous bannière américaine un passionnant « Infectés ».

Comme dans leur précédent film, les deux cinéastes signent leur script et réalisent à quatre mains une histoire de fin du monde fondé sur une pandémie. Si dans « Infectés » le virus était assez « classique », entraînant la mort des contaminés, dans « Les derniers jours », il est d’une nature inédite puisqu’il provoque une agoraphobie aigüe, entraînant les protagonistes à se cloîtrer dans les bâtiments où ils ont contracté le virus. Cela peut être chez eux, au bureau, à l’hôpital, à la poste… Impossible d’en sortir, sous peine de suffocation provoquant la mort en quelques secondes. Seule possibilité pour se rendre d’un lieu à un autre : creuser des ouvertures dans les murs pour passer d’un immeuble à un autre, rejoindre les réseaux souterrains, atteindre les galeries marchandes couvertes…  
"Les Derniers jours" de Alex Pastor et David Pastor
 (Warner Bros Pictures España )
Etrange odyssée
Les frères Pastor introduisent de façon très convaincante leur sujet en se polarisant sur un employé qui va être contaminé sur son lieu de travail avec ses collègues. Bloqué avec eux dans les locaux, et en conflit avec un cadre de la DRH, il va devoir s’y allier pour fuir l’immeuble, sous les termes d’un pacte qui les contraint mutuellement, tous d’eux devant rejoindre un autre point de la ville. Commence alors une étrange odyssée dans les soubassements de la cité, à coup de pioche et d’errements hasardeux ponctués d’agressivité.

La mise en scène des « Derniers jours » est remarquable en tous points, exploitant la donne de décors chaotiques et claustrophobes à merveille, ainsi qu’un suspense issue d’une situation inattendue et originale. La bataille rangée dans le supermarché entre groupes rivaux est ainsi des plus réussies, même si elle se conclut sur un coup de théâtre un peu facile. C’est le seul bémol de cette très belle réussite, assurant aux frères Pastor que ça ne sera pas le dernier de leurs films.

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