"Le Royaume des abysses" : une odyssée sous-marine à l'animation flamboyante

Shenxiu a 10 ans, une mine triste et les cheveux au vent. Elle vit avec son père, sa belle-mère et un demi-frère auquel sont destinées toutes les attentions. Dans cette famille recomposée où l'affection n'est pas à l'équilibre, Shenxiu se sent de trop et manifeste sa souffrance. La jeune héroïne ne rêve que d'une chose : retrouver sa mère qui a quitté le foyer familial il y a plusieurs années. Ce souhait la projette dans une odyssée rocambolesque à découvrir au cinéma à partir du 21 février.

Lors d'une croisière en famille, Shenxiu bascule dans un univers sous-marin peuplé de créatures féeriques. Elle y fait la rencontre de Nanhe, le chef d'un drôle de restaurant et a priori le seul autre humain sous l'océan. Tantôt s'affrontant l'un et l'autre, tantôt faisant face à une même menace, les deux personnages vont d'aventure en aventure. Dans ce monde de chimères, Shenxiu se bat perpétuellement contre les démons de la surface.

Prouesses techniques

Le Royaume des abysses offre une expérience visuelle unique. Le long-métrage mêle le réalisme d'une animation numérique de pointe, la démesure de l'univers des mangas et les traits de la peinture impressionniste. Tout au long du récit, des particules d'encres semblent se défaire de l'écran. Le réalisateur Tian Xiaopeng compose une rencontre réussie entre la peinture traditionnelle chinoise et les ciels tourbillonnant de Van Gogh.

Film aux mille couleurs, Le Royaume des abysses est aussi un film aux mille mouvements. La projection en 3D fait de ce voyage sous-marin une expérience immersive, presque une expérience physique. L'animation bouleverse les sens.

Si l’on retrouve des traces de l’esthétique du Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki et un peu de la folle énergie de Spider-Man: New Generation, Le Royaume des abysses propose indéniablement quelque chose de neuf. Avec cette réalisation qui a mobilisé près de 1 500 personnes et demandé sept années de travail, Tian Xiaopeng donne un visage international à l'animation chinoise, domaine que les cinéastes du pays cherchent à investir depuis plusieurs années.

Une représentation peu consciencieuse de la santé mentale

Ce film coloré et ultra-dynamique est avant toute chose l’histoire d’une jeune fille qui souffre d’un manque d’affection. Shexiu éprouve un véritable mal-être et se mure dans un monde de fiction. Le film aborde ainsi les thèmes de l’abandon, des conflits familiaux et de la dépression. Face à ces sujets lourds sur lesquels se construit l’intrigue, Le Royaume des abysses se veut porteur d’espoir et promet le retour des jours heureux.

Cet optimisme à toutes épreuves, s’il n’est pas problématique a priori, engendre une représentation trop légère de la dépression. Après la pluie vient le beau temps ? Peut-être. Mais en un peu moins de deux heures, Le Royaume des abysses ne parvient pas à proposer une véritable résolution et à appréhender correctement la souffrance de Shenxiu. Ce film à la technique impressionnante passe finalement à côté de son sujet en perdant de vue une réalité inhérente à son intrigue : il faut souvent du temps pour remonter pour de bon des abysses.

La fiche

Genre : Animation, Aventure, Fantastique
Réalisateur : Tian Xiaopeng
Acteurs (voix françaises) : Maxime Van Santfoort, Pierre Bodson, Aaricia Dubois, Cécile Florin, Séverine Cayron, Frédéric Clou
Pays : Chine
Durée : 1h52
Sortie : 21 février 2024
Distributeur : KMBO
Synopsis : Shenxiu, une fillette de 10 ans, est aspirée dans les profondeurs marines durant une croisière familiale. Elle découvre l’univers fantastique des abysses, un monde inconnu peuplé d’incroyables créatures. Dans ce lieu mystérieux émerge le Restaurant des abysses, dirigé par l’emblématique Capitaine Nanhe. Poursuivis par le Fantôme Rouge, leur route sera semée d’épreuves et de nombreux secrets. Leur odyssée sous-marine ne fait que commencer.