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"Le Musée des merveilles" : Todd Haynes émerveille dans un musical fantastique

Deux ans après sa Queer Palm (film gay) pour "Carol", Todd Haynes était en compétition à Cannes avec son 8e long métrage, “Le Musée des merveilles”. On retrouve son actrice fétiche Julianne Moore dans cette adaptation du roman graphique "Black Out" de Brian Selznick. L'histoire de deux enfants sourds qui vivent des événements semblables à 50 ans de distance, dans un étrange complexe temporel…
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Le Musée des merveilles" : Oakes Fegley et Millicent Simmonds (détail de l'affiche américaine)
 (Metropolitan FilmExport)

Récits fusionnels

Todd Haynes a rapidement imposé son univers au cinéma avec notamment Julianne Moore qu’il dirigea dès 1995 dans "Safe", puis en 2002 dans "Loin du paradis" et aujourd’hui dans "le Musée des merveilles". Sa relation intime à la musique, que l’on retrouve dans son dernier film, l’avait imposé dans deux projets ambitieux : "Velvet Goldmine", prix de la Meilleure contribution artistique à Cannes en 1998, autour du Glam Rock des 70’s, et "I’m not There", faux biopic de Bob Dylan qu’interprètent six acteurs différents, dont Cate Blanchett. Un cinéma à part, ce que confirme "Le Musée des merveilles".
Racontant l’histoire de deux enfants atteints de surdité, en 1927 et 1977, son film est sans doute le plus accessible, au croisement de la fable et du conte. Construits en parallèle, ces deux récits s’imbriquent progressivement pour se fondre. Ben et Rose vivent des expériences équivalentes, chacun à leur époque, pour fusionner dans une révélation finale que d’aucuns trouveront trop explicite, mais nécessaire pour s’adresser à un public intergénérationnel, tout en évitant d'être surligné.
Millicent Simmonds dans "Le Musée des merveilles" de Todd Haynes
 (Metropolitan FilmExport)

Fluidité hétérogène

En accord avec un Wes Anderson ("Moonrise Kingdom", "The Grand Budapest Hotel"), Todd Haynes a un univers visuel très reconnaissable. "Le Musée des merveille" est de ce point de vue une pépite, avec une reconstitution au cordeau de New York en 1927 dans un noir et blanc velouté, tout comme celle de 1977, où décors et costumes se marient dans une continuité graphique chamarrée. Un sentiment que rehaussent des choix musicaux cohérents, évocateurs et entraînants. Dans son esthétique, Haynes joue de l’hétérogénéité, mêlant noir et blanc/couleurs, muet/parlant, action live/animation tout en parvenant à une extrême fluidité.
Wonderstruck : photo de tournage, à New York, aux Etats-Unis, le 15 mai 2016
 ( Mark Lennihan/AP/SIPA)
Les deux jeunes acteurs au coeur du film sont épatants, surtout la petite Millicent Simmonds d’une expressivité et d’une gestuelle communicatives qui augure d’une grande actrice. Mystérieux, mélodramatique, fantastique, "Le Musée des merveilles" adresse aussi un message sur les valeurs de la transmission culturelle, de la curiosité et de l’ouverture sur le monde, comme sources de vie. Ce qui n’est pas si fréquent dans le cinéma américain "mainstream". Son tour de force est enfin d’allier fond et forme, dans un magnifique spectacle à la fois distrayant et réfléchi, à destination de tous.
"Le Musée des merveilles" '("Wonderstruck" en VO) : une des affiches américaines
 (Metropolitan FilmExport)

LA FICHE

Genre : Drame fantastique
Réalisateur : Todd Haynes
Pays : Etats-Unis
Acteurs : Oakes Fegley, Millicent Simmonds, Julianne Moore, Michelle Williams
Durée : 2h00

Synopsis : Deux enfants, Ben en 1977, et Rose en 1927, souhaitent secrètement que leur vie soit différente. Ben rêve du père qu'il n'a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d'une mystérieuse actrice. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York.

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