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"Le Jour d’après", une comédie dramatique épurée du Coréen Hong Sang-soo

Avec "Le Jour d'après" projeté en compétition cette année à Cannes, le Sud-coréen Hong Sang-soo, lauréat du Prix Un certain regard pour “Ha Ha Ha” en 2010, revisite son sujet de prédilection, des histoires d’amour contrarié, traitées avec sensibilité et humour, jamais avec complaisance. Ce qui se vérifie dans "Le Jour d'après", teinté de philosophie sur illusion et réalité, mensonge et vérité.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Hae-hyo Kwon et Cho Yunheeb dans "Le Jour d'après" de Hong Sang-soo
 ( Capricci / Les Bookmakers)

Une histoire simple

La vague du cinéma coréen surfe tous azimuts, du film de zombies au drame intimiste. Pas moins de cinq films étaient en sélection officielle du 70e Festival de Cannes, dont "La Caméra de Claire" du même Hong Sang-soo en séances spéciales, deux en séances de minuit (films de genre, dans lequel la Corée est passée maître) et le fameux "Okja" qui concourait pour la Palme. Enfin, dans la même catégorie, ce "Jour d’après", intimiste en diable, à l’épure achevée. Sa désuétude formelle revendiquée, soulignée par une musique que l’on croirait sortie d’un vieux crincrin des familles, exalte une histoire simple aux prolongements psychologiques et philosophiques sophistiqués.

Bongwan trompe sa femme avec son unique employée d’une petite maison d’édition. Quand cette dernière le quitte, il prend une nouvelle salariée qui subit les foudres de l’épouse croyant que c’est la maîtresse de son mari. Le quiproquo pourrait être l’argument d’un Feydeau. Mais c’est l’étude psychologique, à travers Bongwan, qui intéresse Hong Sang-soo.

Un homme complexe

La sincérité de l’amour de l’éditeur ne fait aucun doute. Il n’en demeure pas moins un fieffé menteur envers sa femme. De cette situation naît la confusion chez lui entre sa réalité sentimentale et l’illusion qu’il prodigue à sa légitime. Un conflit qui va se résoudre grâce à la nouvelle employée qui payera les pots cassés.

Hae-hyo Kwon, Kim Saeybu dans "Le Jour d'après" de Hong Sang-soo
 ( Capricci / Les Bookmakers)

Ce petit théâtre des sentiments se joue dans la plus stricte économie de moyens, volontairement ascétique pour devenir esthétique : noir et blanc, longs plans fixes, zoom se substituant au travelling, abondance des dialogues au détriment de l’action… Il faudra accepter cette ascèse pour passer le cap du "Jour d’après". En revenant à des fondamentaux, Hong Sang-soo n’en évite pas moins la répétition, comme s’il ne parvenait pas à élaguer ce qui est déjà minimaliste. L’interprétation reste, elle, remarquable, et la beauté de Kim Min-Hee ("Mademoiselle"), compagne du réalisateur, intacte.

"Le Jour d'après" : photo du film
 ( Capricci Films)

LA FICHE

Genre : comédie dramatique
Réalisateurs : Hong Sang-soo
Pays : Corée du Sud
Acteurs :  Kim Min-Hee, Hae-hyo Kwon, Kim Saeybuk, Cho Yunhee
Durée : 1h32
Sortie : 7 juin 2017

Synopsis : Areum s’apprête à vivre son premier jour de travail dans une petite maison d’édition. Bongwan, son patron, a eu une relation amoureuse avec la femme qu’Areum remplace. Leur liaison vient de se terminer. 
Ce jour-là, comme tous les jours, Bongwan quitte le domicile conjugal bien avant l’aube pour partir au travail. Il n’arrête pas de penser à la femme qui est partie. Ce même jour, la femme de Bongwan trouve une lettre d’amour. Elle arrive au bureau sans prévenir et prend Areum pour la femme qui est partie...

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