"Le Hobbit - La Désolation de Smaug" : Jackson surdéveloppe Tolkien
De Peter Jackson (Etats-unis/Nouvelle-Zélande), avec : Benedict Cumberbatch, Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, Orlando Bloom, Cate Blanchett, Evangeline Lilly, Christopher Lee - 2h41 - Sortie : 11 décembre 2013
Synopsis : La suite des aventures de Bilbon Sacquet, paisible Hobbit, entraîné avec une compagnie de Nains, par le magicien Gandalf pour récupérer le trésor détenu par le dragon Smaug, dans la richissime cité des forgerons et orfèvres mythiques que sont ces mineurs de petite taille, à la fierté et au courage immuables. Bilbon, qui a mis la main sur l'anneau de pouvoir que possédait Gollum, une créature recluse, va s'avérer un atout majeur au cours de leur périple...
Les bémols émis à l’égard de ce deuxième pan de la trilogie du Hobbit étaient déjà ceux que l’on avait relevés au regard du premier. En cela « Le Seigneur des anneaux » était plus enlevé, avec des rebondissements et relances de l’intrigue constants. Si « Un voyage inattendu » était verbeux dans sa première partie, où arrivait la compagnie des nains chez Bilbon Sacquet, la suite bénéficiait d’une action continue. Dans « La Désolation de Smaug » les séquences dialoguées sont longues, nombreuses et freinent le rythme.
Jackson donne l’impression de délayer à loisir un récit, à l’origine assez court dans sa forme romanesque. Prendre autant de temps que celui consacré à l’adaptation du « Seigneur des anneaux », un pavé de quelque 1000 pages, pour transcrire un roman qui en fait moins de 300, relève du non-sens. « Un voyage inattendu » dure 2h45, et « La Désolation de Smog » 2h41. C’est véritablement trop long. Il vaut mieux que les fauteuils de la salle soient confortables pour ne pas en sortir avec des douleurs lombaires et autres impatiences dans les jambes… Par moment, l’on espère voir arriver la délivrance.
Morceaux de bravoure
La transcription visuelle de l’univers de Tolkien est, elle, toujours respectueuse envers l’auteur. Les paysages de la Terre du Milieu, tournés en Nouvelle-Zélande, demeurent fantastiques, décors et éclairages sont irréprochables, évocateurs d’atmosphères et de magie, tout droit sortis des planches du meilleur illustrateur de cet univers de fantasy, Alan Lee. Les morceaux de bravoure ne manquent pas, avec notamment la scène des araignées de la forêt noire, très réussie, et un dragon Smaug de toute beauté.
Avec l’évasion de la compagnie des nains de la cité des Elfes dans des tonneaux, c’est à peu près tout ce que l’on retiendra de ce deuxième épisode. De plus, si Peter Jackson prend son temps pour développer son récit, on ne comprend toutefois guère les motifs qui poussent Gandalf à retrouver Radagast, cet autre magicien, auquel il donne rendez-vous dans un endroit des plus dangereux, pour le congédier une fois arrivés dans le repaire du Nécromancien. Tout comme l’on reste dubitatif envers la complaisance dont fait preuve Bard, l’homme du lac, à l’égard des nains, qui le méprisent ouvertement.
La fin du film laisse entrevoir des rebondissements, à la mode des vieux sérials, pour mieux nous inciter à aller voir le prochain épisode. Mais par rapport au roman, l’on approche vraiment de la conclusion. La question demeure de savoir comment Jackson va bien pouvoir délayer cette dernière partie, pour aboutir, n’en doutons pas, à un film de plus de 2h30.
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