"Le Dos rouge" : de la monstruosité dans le processus de création
2 / 5 ★★☆☆☆
De Antoine Barraud (France), avec : Bertrand Bonello, Jeanne Balibar, Géraldine Pailhas, Joana Preiss, Barbet Schroeder, Pascal Greggory - 2h07 - Sortie : 22 avril 2015
Synopsis : Un cinéaste reconnu travaille sur son prochain film, consacré à la monstruosité dans la peinture. Il est guidé dans ses recherches par une historienne d’art avec laquelle il entame des discussions étranges et passionnées.
Freaks
Curieux sujet que celui de ce cinéaste, interprété par le réalisateur Bertrand Bonello, effectuant des recherches sur la monstruosité en peinture et en sculpture, guidé par une historienne de l'art (Jeanne Balibar). Plus il avance dans sa quête, plus une mystérieuse plaque rouge grandit dans le bas de son dos. Sa quête tératologique (étude des malformations congénitales) semble le transformer lui-même en monstre.
Tod Browning a traité de la monstruosité dans nombre de ses films, dont son chef-d'œuvre, "Freaks, la monstrueuse parade" (1932), et David Lynch filma en 1980 l'émouvant biopic du célèbre John Merrick, plus connu sous son sobriquet d'"Elephant Man". Citons également "L'Homme sans visage" (1993) de et avec Mel Gibson, qui traite d'un personnage défiguré rejeté par la population. Aussi, le thème de la monstruosité est-il plus rare qu'on ne l'imagine au cinéma, hormis dans un cinéma fantastique où les monstres sont légion. Ce n'est évidemment pas sous cet angle qu'Antoine Barraud traite son sujet, mais sous un jour bien plus cérébral, avec au centre le thème du processus de création.
Je est un autre
Ce curieux imbroglio participe d'un film fleuve (2h07), assez froid, où la seule sensualité émane de la voix et du phrasé inimitables de Jeanne Balibar. Mais il ne faudrait pas passer à côté des œuvres d'art filmées, Antoine Barraud s'y arrêtant avec des choix de cadrages différents, parfois de front ou parcellaire, voire simplement aperçus, avec des choix très éclectiques et qui interrogent le spectateur dans son rapport à l'art. On adhère ou pas et l'on peut décrocher si l'on n'entre pas d'emblée dans un processus intellectuel où, heureusement, l'extravagance de Jeanne Balibar suscite l'adhésion, avec un Bertrand Bonello tout à fait étonnant et à sa place comme acteur.
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