"La vache qui chantait le futur" : un film sombre sur le deuil et la planète en danger
Une revenante, des poissons morts, des vaches malades, un garçon qui veut devenir une fille… La scénariste et réalisatrice chilienne Francisca Alegría raconte dans son premier film une histoire familiale marquée par la disparition tragique de la mère, dans un monde par ailleurs mis à mal par la fuite en avant destructrice des hommes.
Premier long-métrage à l'atmosphère pesante, La vache qui chantait le futur, en compétition au Festival Sundance 2022, sort le 26 juillet en France.
Fantômes
Le film s'ouvre sur une scène d'horreur : des centaines de poissons d'une rivière agonisent avant de s'échouer sur les rives. De cette eau saumâtre surgit une femme couverte de boue qui s'ébroue et crache l'eau avant de reprendre son souffle.
Quelques jours plus tard, Cecilia, chirurgienne, rentre à la ferme familiale avec ses deux enfants pour prendre soin de son père. Le vieil homme a fait un malaise en croyant voir à travers une vitrine sa femme, morte plusieurs années auparavant dans des circonstances énigmatiques dans les eaux de la rivière.
À la ferme, où elle est revenue avec ses deux enfants, sa fille cadette et son fils Tomàs, qui souhaite changer de genre, Cecilia retrouve son frère, qui s'occupe des vaches laitières. Insémination, séparation des veaux de leurs mères, l'exploitation à la ferme est devenue intensive. Vaches malades, disparition des abeilles... Depuis l'arrivée de Cecilia et de ses filles, des évènements troublants se multiplient.
Le fantôme bien charnel de la mère de Cecilia rôde autour de la ferme autant que pèsent les souvenirs douloureux du passé. Cecilia se rapproche des vaches et entend leur souffrance, une empathie qui lui permet de se libérer de ce lourd passé.
Fable écologique
Le scénario de La vache qui chantait le futur est inspiré par un événement qui s'est déroulé en 2017 dans le sud du Chili, où des milliers de poissons ont été trouvés morts dans une rivière après l’installation d’une usine de papier.
Rythmé par un chœur, ce premier long-métrage, en forme de fable écologique est porté par l'eau, qui irrigue aussi concrètement que métaphoriquement le propos. Lieu premier de la vie, nature grouillante, l'eau est aussi l'élément qui charrie la mort. L'élément qui a autrefois englouti la mère est aussi le véhicule de la pollution qui empoisonne les poissons, puis les vaches. La caméra fouille cette eau, cette humidité, comme elle scrute le regard souffrant d'une vache à l'agonie, et observe le monde qui court à sa fin.
Mêlant réalisme et fantastique, La vache qui chantait le futur soulève les questions qui traversent nos sociétés contemporaines, pointant les dangers qui guettent la planète et l'instrumentalisation sans limite de la nature, du monde animal, par les humains.
Il faudra écouter et respecter la nature et les animaux pour que la vie reprenne ses droits, écouter et respecter l'autre tel qu'il est, et sa liberté, pour que la famille puisse elle aussi retrouver le chemin de la vie. Telle est la morale de cette fable un peu trop chargée en messages appuyés et en pathos.
La Fiche
Genre : Drame
Réalisatrice : Francisca Alegría
Acteurs : Léonor Varela, Mia Maestro, Alfredo Castro
Pays : Chili, France, U.S.A., Allemagne
Durée : 1h 38min
Sortie : 26 juillet 2023
Distributeur : Nour Films
Synopsis :
Cecilia, chirurgienne à la ville, doit revenir précipitamment avec ses deux enfants à la ferme familiale où vivent son père et son frère dans le sud du Chili. Au même moment, des dizaines de vaches sont frappées d’un mal mortel et la mère de Cecilia, disparue depuis plusieurs années, réapparaît.
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