"La Femme du Ferrailleur", du cinéma brut de fonderie !
Film de Danis Tanovic (Bosnie, Slovénie, France) – avec Senada Alimanovic, Nazif Mujic et Sandra Mujic - durée : 1h15 – Sortie : 26 février 2014
Synopsis : Nazif est ferrailleur. Il vit en Bosnie avec sa femme, Senada, et leurs 2 filles. Un jour, Senada se plaint de terribles maux de ventre et doit se faire hospitaliser d’urgence. Mais faute de couverture sociale, le couple doit payer l'opération : une somme considérable qu'ils n'ont pas. Pendant 10 jours, Nazif fait tout pour sauver la vie de Senada en cherchant de l'aide auprès des institutions et en tentant de trouver toujours plus de fer à vendre.
Danis Tanovic revendique un regard de documentariste, lui qui a couvert la guerre de Bosnie caméra à l'épaule. Et il ne s’embarrasse d’aucune mise en scène, d’aucun parti-pris esthétique. Pratiquement pas de dialogues ni de scénario, des plans très longs, c’est du cinéma brut. Est-ce d’ailleurs vraiment du cinéma ?
Après avoir découvert leur invraisemblable histoire dans la presse, le réalisateur a rencontré Senada et Nazif et leur a proposé de jouer leur propre rôle. Ce qui renforce indéniablement l’intensité dramatique de ce qui se déroule sous nos yeux. Pour autant, il faut une véritable motivation pour aller au bout de ce film rude. A côté de "La Femme du Ferrailleur", "La Vie d’Adèle", c’est du Disney ! Ici, les séquences s’enchaînent lentement. Senada coupe du bois. Senada désosse une épave de voiture. C’est la vie quotidienne du ferrailleur et Denis Tanovic n’est pas un adepte de l’ellipse... Hormi la neige qui recouvre les collines de Bosnie, tout est noir dans ‘La femme du ferrailleur". Chaque plan dit la misère, le rejet, l’absence totale de perspective. Ballotée d’un bureau à l’autre, Senada risque sa vie. Pas de couverture sociale ? Pas de quoi payer les soins ? Personne ne veut l’opérer, et la septicémie guette.
La Bosnie n’est pas bien loin. Et les camps qui accueillent une misère très voisine au milieu des nœuds autoroutiers sont encore plus près de nous. En couvrant d’argent le film, les jurés de la Berlinale 2013 ont clairement fait un choix qui dépasse les simples considérations artistiques.
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