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"La Educacion del Rey", thriller social argentin efficace

Depuis les années 2000, le cinéma argentin connaît un renouveau, avec des films tels que "Le Fils de la mariée", "Dans ses yeux", "Les Nouveaux sauvages" ou "Citoyen d’honneur". Santiago Esteves fait partie de cette jeune génération et signe son premier film, "El Educacion del Rey", un thriller nerveux, au croisement d’"Oliver Twist", de Charles Dickens, et de "Gran Torino" de Clint Eastwood".
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Germán de Silva et Matias Encinas dans "Educacion del Rey"
 (Urban Distribution)

Métaphore argentine

Reynaldo, dit Rey, le jeune héros du film, n’est pas orphelin comme Oliver Twist, mais comme lui est initié dans un gang, non par "Le Renard" (le jeune initiateur au vol de Dickens), mais son frère. Comme Oliver il est missionné pour le braquage d’un notaire. Vol qui tournera au fiasco, comme chez l’auteur anglais, ce qui lui vaudra d’être persécuté par ses commanditaires. Toujours Dickens. Tout comme son recueillement par un bon samaritain qui va tenter de le sortir de la pègre. Mais à partir de ce moment-là le film ressemble plus à "Gran Torino" de Clint Eastwood, où un vétéran de la guerre de Corée rancunier extirpe d’un gang coréen un jeune garçon ayant tenté de voler sa sacro-sainte Ford Torino.
En réalisant "La Educacion del Rey", Santiago Esteves avait pour objectif de parler de la situation sociale dans laquelle se trouve une grande partie de la population argentine depuis les années 2000 et jusqu’en 2014, où le pays a été classé en "défaut de paiement" de sa dette. Il évoque cette paupérisation en mettant au premier plan une jeunesse prête à tout pour s’en sortir, jusqu’à se mettre en marge de la loi, alors qu’elle a les capacités à rester dans le droit chemin. Une situation qui n’est pas propre à l’Argentine, vérifiable de tout temps (Dickens) et partout dans le monde.

Thriller initiatique

Malgré son budget modeste, comme les personnages du film, "La Educacion del Rey" remplit le contrat. Un thriller efficace dans l’écriture, le rythme, et les relances. Naturaliste par manque d’argent, l’esthétique n’en sert que davantage son propos en jouant du contraste entre la lumière solaire de la maison où est recueilli Rey, et le monde nocturne qui le persécute. Celui-ci est dominé par la corruption de policiers "ripoux" qui utilisent les mêmes moyens que les criminels. A l’image des politiques qui ont conduit l’Argentine au bord du gouffre.
Matias Encinas dans "Educacion del Rey" de Santiago Esteves
 (Urban Distribution)
La modestie de "La Educacion del Rey" va au bénéfice du film. Comme souvent, la restriction des moyens sert la créativité. Santiago Esteves porte son film à bout de bras avec une sincérité tant dans le message que dans le respect des règles du thriller. Son sens premier n’en demeure pas moins de faire de Rey, son jeune héros, l’objet d’une initiation qui rejaillit sur toute la société argentine, et au-delà.
"La Educacioin del Rey" : l'affiche
 (Urban Distribution)

LA FICHE

Genre : thriller
Réalisatrice : Santiago Esteves
Pays : Argentine
Acteurs :   Matías Encinas, Germán De Silva, Walter Jakob
Durée : 1h36
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Synopsis : Le jeune Reynaldo participe à un cambriolage qui tourne mal. En tentant de s’enfuir, il tombe dans le jardin d’un vieux couple. Contre toute attente, le propriétaire ne le dénonce pas à la police mais lui propose un marché. Une relation de confiance fragile s’installe alors entre le jeune homme et son protecteur.

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