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"La Danse du serpent" : le récit d'une fillette confrontée au deuil dans un film envoûtant

Une rare production costaricaine, présentée à la Semaine de la critique du dernier Festival de Cannes, teintée d’animisme dans la lignée d’Apichatpong Weerasethakul.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
"La Danse du serpent" de  Sofia Quiros Ubeda. (EUROZOOM)

Jeune réalisatrice à la double nationalité argentine et costaricaine, Sofia Quiros Ubeda a vu sa première réalisation projetée dans le cadre de la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2019. La Danse du serpent, qui sort mercredi 4 mars, imagine une adolescente de treize ans confrontée au deuil et en symbiose avec la nature.

Rituels

Selva, treize ans, vit chez son grand-père Tata après le décès de sa mère et le départ de son père, parti travailler à l’étranger. Son aïeul est très attaché à Elena qui sert à l’adolescente de substitut maternel, et avec laquelle elle se chamaille souvent. Quand Elena disparaît à son tour, Tata, déjà fragile, perd toute envie de vivre. Selva, qui entretient une relation privilégiée avec la nature, communique aussi avec sa mère, puis Elena, au-delà de la mort. Ce pouvoir lui permet d’aider son grand-père, et de surmonter ces deuils successifs pour grandir.

Récit initiatique, La Danse du serpent traite d’une enfant qui comble l’absence en entrant en communion avec la nature. Elle pratique des petits rituels en enterrant les animaux morts, en pratiquant des crémations et en méditant au cœur d’une forêt luxuriante et devant la mer. Cet animisme et le rapport à la mort rappellent le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (Oncle Boonmee, Palme d’or à Cannes en 2010).

Délicatesse

La mise en images de Sofia Quiros Ubeda évoque tout autant le cinéaste thaïlandais. Elégiaque, elle sublime les quatre éléments, l’air, la terre, l’eau et le feu lors de plans contemplatifs sans jouer d’une durée excessive, le film se limitant à 1h22. La jeune fille qui interprète Selva (Smashleen Gutiérrez) endosse avec grâce et conviction son rôle de tous les plans, notamment dans son attachement à son grand-père et ses chamailleries avec Elena, où l’émotion domine avec délicatesse.

"La Danse du serpent" de  Sofia Quiros Ubeda. (EUROZOOM)

Laissant la priorité aux images plutôt qu’aux paroles, La Danse du serpent envoûte également par sa bande-son : bruit de la forêt, grillons, crépitement du feu… Des musiques populaires viennent égayer le paysage et participent d’une modernité qui affranchit le film d’un traditionalisme passéiste auquel l'animisme est souvent identifié. Cette porosité de l'ancestralité dans le présent, mêlée à la jeunesse de sa petite héroïne tournée vers le futur, abonde dans le sens d’un optimisme de tous les instants. Enchanteur.

"La Danse du serpent" de Sofia Quiros Ubeda : l'affiche. (EUROZOOM)

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Sofia Quiros Ubeda
Acteurs :  Smashleen Gutiérrez, Humberto Samuels, Hortensia Smith
Pays : Costarica, Argentine, Chilie, France
Durée : 1h22
Sortie : 4 mars 2020
Distributeur : Eurozoom

Synopsis : Selva a 13 ans et vit dans une ville côtière des Caraïbes. Après la disparition soudaine de sa seule figure maternelle, Selva est la seule qui reste pour prendre soin de son grand-père, qui ne veut plus vivre. Entre ombres mystérieuses et jeux sauvages, elle se demande si elle aidera son grand-père à réaliser son désir, même si cela peut impliquer de traverser ses derniers moments d’enfance.

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