"La Belle et la bête" : Léa Seydoux et Vincent Cassel dans une version épique
De Christophe Gans (France), avec : Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussollier, Eduardo Noriega, Myriam Charleins, Audrey Lamy, Sara Giraudeau - 1h52 - Sortie : 12 février 2014
Synopsis : Un riche marchand ruiné part en voyage d'affaires. Perdu dans une sombre forêt, il découvre un palais magique où il se réfugie. Accueilli avec faste, mais sans voir personne, comblé de somptueux cadeaux, il commet l'impaire de cueillir une rose, bien le plus précieux du propriétaire qui n'est autre qu'une puissante bête. Le verdict est sans appel : la mort, après un sursis d'une journée pour en avertir sa famille. La plus respectueuse de ses filles, Belle, décide de prendre sa place. Armée de son courage, luttant contre tous les dangers, ouvrant son cœur, Belle va parvenir à libérer la Bête de sa malédiction. Et ce faisant, découvrir le véritable amour...
Puissance visuelle
Adapté au cinéma, en dessin animé, en comédie musicale, en série télévisée, la référence majeure de "La Belle et la bête" demeure le film de Jean Cocteau avec Jean Marais et Josette Day (1946). Antécédent écrasant, duquel s’émancipe Christophe Gans en galvanisant la couleur par rapport au noir et blanc expressionniste de son prestigieux prédécesseur, envers lequel il ne peut rivaliser et qu’il respecte. Il développe en même temps dans son adaptation le sens de l’épique qui le caractérise.
Gans joue éminemment de la couleur pour reconstituer des illustrations de livres de contes de fées. Les dominantes sont d’or et de bleu, les décors extérieurs rappellent l’illustrateur américain Maxfield Parrish, ses contrastes entre paysages enneigés et printaniers, immaculés ou floraux, blêmes ou colorés, frigides ou féconds, recoupent le sens du conte. Christophe Gans joue pour beaucoup de sa puissance illustrative, comme dans ses autres films. Un pouvoir, une force visuelle qui renvoient à ses références majeures que sont les films de Mario Bava et du cinéma d’action asiatique, de Tsui Hark notamment.
Dimension épique et action
Si Christophe Gans s’émancipe de Cocteau, il prend également ses distances par rapport au conte, dont les deux versions majeures sont celles de Madame de Villeneuve, puis de Madame Le Prince de Beaumont, cette dernière s'avérant privilégiée dans toutes les adaptations. Gans garde l’esprit de l’original mais développe les digressions, notamment les dettes d’un des frères de Belles en affaires avec une troupe de malfrats dont l’intervention est essentielle dans le film, et non dans le conte. Moins heureuse est celle des petits animaux serviteurs, entre chiots et lémuriens, qui reprennent toutefois le groupe de singes très hiérarchisé de Madame de Villeneuve.
C’est cependant ce côté épique, propre à Christopher Gans, qui tire le film vers l’action, pour le différencier des autres versions. Il en va ainsi du réveil des géants de pierre, absents du conte, avec lesquels Gans rend hommage au roi des effets spéciaux Ray Harryhausen. Blockbuster qui n’a rien à envier à Hollywood, cette version de "La Belle et la bête" va sans doute être la cible des flèches des puristes qui crieront à l’américanisation d’une tradition française. Cela serait passer à côté d’une grande aventure visuelle, preuve d’un savoir-faire français de haute volée. Une version américaine, signé par un autre visionnaire, Guillermo del Toro, est attendue prochainement. L’occasion nous sera donnée de comparer les différences. Gans a d’ores et déjà placé la barre très haut.
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