"Jupiter : Le destin de l'Univers", le retour tonitruant des Wachowski
3 / 5 ★★★☆☆
De Andy Wachowski, Lana Wachowski (Etats-Unis), avec : Channing Tatum, Mila Kunis, Sean Bean, Eddie Redmayne, Douglas Booth - 2h07 - Sortie : 4 février 2015
Synopsis : Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n'a d'autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n'est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l'attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d'un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l'équilibre du cosmos…
Deus ex machina
Le cinéma des Wachowski est ambitieux et sophistiqué, même dans l'échec. Geeks fondus de technologies leurs films sont truffés de machines, ces dernières étant même au centre de la trilogie "Matrix". Dans "Jupiter" elles sont omniprésentes dans les magnifiques vaisseaux spatiaux et autres chasseurs extraterrestres, aux lignes esthétiques inédites dans la science-fiction au cinéma. On les trouve également dans la planète de la dynastie des Abrasax, visualisée comme une gigantesque machinerie, alors qu'une autre planète, plus bucolique, renvoie aux illustrations de Maxfield Parrish.
Autre avatar technologique, les mécaniques vétustes utilisées par le personnel administratif de la civilisation extraterrestre. Elles renvoient au "steampunk", cette frange de la science fiction où la civilisation s'est arrêtée à la vapeur, sans connaître l'électricité. Cette scène du film tire sur l'humour, ce qui est rare chez les Wachowski, et est un hommage au "Brazil" de Terry Gilliam qui y joue un rôle. "Jupiter" est par ailleurs peuplé d'une pléiade d'"aliens" plus ou moins hybrides, souvent très réussis, comme ces féroces et énormes bipèdes reptiliens aux ailes de chauves-souris…
Space-opéra, "Jupiter : Le destin de l'Univers" verse dans la pure fantasy. Il en résulte l'émanation d'un conte. Le film fait d'ailleurs ouvertement référence à "Cendrillon", dans l'évolution du personnage de Jupiter Jones, et au "Magicien d'Oz" dans la morale vantant les valeurs du foyer. On pense aussi à l'"Odyssée", par le thème du voyage initiatique et l'espoir de retrouver son pays, mais également aux Atrides dans les conflits familiaux allant jusqu'au meurtre pour le pouvoir, ce qui renvoie également à Shakespeare. Ces références classiques sont nourries par des personnages conventionnels propres à la science-fiction, comme Flash Gordon, donc Luke Skywalker de Star Wars, ou John Carter, comme figures héroïques projetées de la Terre dans l'espace, avec un glorieux destin à la clé.
Le scénario suit cette trame classique, tout en reprenant le thème de la manipulation de l'humanité par une force extérieure. Ainsi les extraterrestres de "Jupiter" conditionnent l'humanité dans une optique lucrative, un peu comme les machines de "Matrix" s'en servaient telle une source d'énergie, des "piles" stipulait Laurence Fishburn dans le film. L'orgine des hommes issue d'une civilisation extérieure à la Terre est également un poncif de la SF, remis au goût du jour récemment dans "Prometheus" de Ridley Scott.
Andy et Lana Wachowsli brassent toutes ses références dans un spectacle épique à la conception visuelle grandiose, où l'action et les effets spéciaux ont la part belle. Destruction partielle de Chicago lors d'une très belle course-poursuite dans les airs, combats titanesques, panoramas spatiaux, vortex spatiaux-temporels… L'exotisme vient également de la beauté des décors, paysages extraterrestres et intérieurs, tout en référence à des palais marmoréens ou des cathédrales. Les costumes participent aussi de cet exotisme spectaculaire, plus solaire, moins sombre que les précédents films des Wachowski.
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