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"Joy" : l'ode de David O. Russel à Jennifer Lawrence

Après "Fighter", "Happiness Therapy" et "American Bluff", David O. Russel nous livre un biopic à la gloire de son actrice fétiche, Jennifer Lawrence. Lumineux, enlevé, mais qui laisse son héroïne parfois un peu esseulée.
Article rédigé par franceinfo
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Jennifer Lawrence dans "Joy"
 (Twentieth Century Fox France)

Elle est sa muse. Il en a fait une comédienne oscarisée avec "Happiness Therapy", l'histoire d'une jeune femme au parcours mouvementé rencontrant un homme pour le moins instable. Jennifer Lawrence partageait alors déjà l'affiche avec Bradley Cooper, qu'elle retrouve aussi dans "American Bluff", et Robert de Niro.

Déclaration d'amour

"Joy", c'est une déclaration d'amour de David O. Russel. Aux femmes, à Jennifer Lawrence, à la création, à l'espoir et à son pays, celui du rêve américain.
 
Inspirée d'une histoire vraie, "Joy" décrit le parcours, sur 40 ans, d'une femme férocement déterminée à réussir, en dépit d'une famille complètement allumée. Sa mère, une farfelue, folle de soap opera et vivant littéralement dans son lit. "Sorte de fuite de gaz qu'on ne voit pas, qu'on ne sent mais qui nous tue", dira d'elle Robert De Niro, son ancien époux et père de Joy. Savoureux dans le rôle du mec à bout de nerfs qui vient de se séparer de sa nouvelle compagne et décide de revenir au domicile familial. Il devra partager le sous-sol avec un ex-beau-fils qu'il déteste, Edgar Ramírez, en crooner raté qui n'a pas les moyens de quitter la maison après le divorce.
Edgar Ramírez, Isabella Rossellini, Jennifer Lawrence, Robert De Niro et Virginia Madsen dans "Joy"
 (2015 Twentieth Century Fox)
Seul soutien pour Joy, celui de sa grand-mère (Diane Ladd). La seule qui croit véritablement en elle. En ses rêves d'enfance. Car à travers sa vie ordinaire de mère au foyer, Joy Mangano va parvenir à faire fortune, à la force du poignet, c'est le moins que l'on puisse dire. Elle deviendra milliardaire en se battant pour son invention, la "serpillère magique".

Tendresse

Un biopic, largement inspiré d'un autre, le mythique "Citizen Kane" d'Orson Welles sorti en 1941, dans lequel le réalisateur retraçait la carrière d'un grand manitou des médias, Charles Foster Kane inspiré de la vie d'un Randolph Hearst qu'il incarnait lui-même, en nous en livrant une sorte de portrait cubiste.
 
Et si David O. Russel n'a certainement pas encore la virtuosité d'un Orson Welles, il n'en reste pas moins l'un des plus grands cinéastes américains en activité. Surtout pour sa façon de filmer ses personnages. Son personnage en l'occurrence. Il livre un portrait de Joy d'une tendresse folle en parvenant encore et toujours à sublimer son héroïne. Même lorsqu'elle nettoie les moisissures laissées par sa mère, Jennifer Lawrence est magnifique. Elle est de tous les plans, donne de la lumière à chaque scène, quitte à paraître parfois isolée. Mais peu importe, tant elle irradie l'écran.
Diane Ladd, Jennifer Lawrence et Virginia Madsen dans "Joy"
 (2015 Twentieth Century Fox)

Sobriété

Avec une actrice pareille, David O. Russel n'a désormais nul besoin d'en faire trop. Le cinéaste démiurge semble s'être apaisé. Mis à part les premiers instants du film, le réalisateur sera bien loin des travellings extravagants et des musiques tapageuses qui ont aussi fait sa renommée. La mise en scène est sobre, à la fois enlevée et plaisante, sans jamais prendre le pas sur Joy.
 
Chaque plan semble une métaphore de sa vie, de son avenir. Dans l'une des premières scènes du film, on la voit avec sa grand-mère, en contre-jour, alors que sa mère, déjà affalée sur son lit, est en pleine lumière. Comme si rien ne pourra les unir. La caméra de David O. Russel a enfin trouvé son équilibre en se posant sur le visage de Jennifer Lawrence, pour ne plus le quitter. Une ode majestueuse à sa muse.
Comédie dramatique de David O. Russel - Avec Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Bradley Cooper et Edgar Ramírez - Durée : 2h03. 

Synopsis : "Joy" décrit le parcours d'une femme farouchement décidé à réussir, en dépit de son exentrique et dysfonctionnelle famille. Au-delà de la femme d'exception, "Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments. 

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