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"Jojo Rabbit" de Taika Waititi : une satire délirante de l'Allemagne nazie

Dans "Jojo Rabbit" en salles mercredi, le réalisateur et acteur néo-zélandais Taika Waititi, d'origine juive et maorie, se glisse dans le costume d'Hitler pour un drôle de pari : une comédie sur l'Allemagne nazie.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Roman Griffin Davis (Jojo "Rabbit" Betzler), Taika Waititi (Adolf Hitler) et Scarlett Johansson (Rosie Betzler) dans "Jojo Rabbit". (TWENTIETH CENTURY FOX)

Taika Waititi avait jusqu'à ce jour réalisé des longs métrages indépendants, le blockbuster Thor : Ragnarok et travaillé sur la série de l'univers Star Wars "The Mandalorian". "J'avais le sentiment que si ma carrière devait se terminer, et que tout devait se casser la figure, ça devait être avec celui-ci" : Jojo Rabbit

L'idée du film, une comédie sur l'Allemagne nazie, "m'est toujours apparue comme quelque chose de risqué, un peu dangereux. Je pense que c'est ce qui m'a attiré", souligne le réalisateur, dont le film, prix du public au festival de Toronto en septembre, est nommé six fois aux Oscars. Il sort le 29 janvier en France.

Un Hitler grotesque pour confident imaginaire

Dans Jojo Rabbit, qui se déroule en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, Taika Waititi raconte l'histoire d'un enfant de dix ans, Jojo. Il aime les uniformes nazis et voir brûler des livres mais est considéré comme trop faible pour être un bon membre des Jeunesses hitlériennes, d'où son surnom de "Jojo Rabbit" car il n'a pas réussi à tuer un lapin.

Un jour, il découvre que sa mère, interprétée par Scarlett Johansson, cache une jeune fille juive dans le grenier. Le jeune garçon, qui a pour confident imaginaire un Hitler aux allures clownesques, va être amené à interroger ses certitudes.

Taika Waititi, Néo-zélandais d'origine juive et maorie

C'est la mère de Taika Waititi qui lui a recommandé la lecture du roman Le ciel en cage de Christine Leunens, dont il a tiré le scénario. Il y a ajouté une bonne dose d'humour et le personnage d'Hitler, qu'il a rendu grotesque et enfantin. "Il n'y avait pas moyen que je fasse un vrai portrait d'Hitler, sinon je pense que ça aurait gâché le film. Il fallait qu'on ait l'impression d'un autre enfant dans la pièce. Comme il vient de l'esprit d'un enfant de dix ans, il sait seulement ce qu'on sait à cet âge", explique le cinéaste de 44 ans, qui cite Charlie Chaplin, Mel Brooks ou le Stanley Kubrick de Docteur Folamour parmi ses sources d'inspiration.

Alors que le studio Fox Searchlight, qui a acheté le film, lui a demandé de jouer lui-même le rôle d'Hitler, le cinéaste, également acteur, souligne qu'il n'y était pas vraiment préparé. "J'ai la peau foncée, je suis Néo-Zélandais, je suis juif, Hitler n'était pas vraiment un rôle que je pensais pouvoir jouer", plaisante ce fils de Maori qui, interrogé sur les Oscars accusés à nouveau d'être trop blancs et trop masculins, lâche : "La diversité, c'est moi".

Une "satire qui déclare la guerre à la haine"

S'il s'est prêté au jeu pour jouer Hitler, c'était "horrible, vraiment embarrassant", convient-il. "Vous avez l'air idiot, et les vêtements sont inconfortables", tout comme "le maquillage, la moustache, la coiffure". Pour le cinéaste, faire ce film - qu'il voit comme une "satire qui déclare la guerre à la haine" - n'avait pas pour but de "susciter la controverse", mais de "raconter une bonne histoire" et de le faire "à sa façon".

"Je voulais voir l'image d'un jeune enfant et Hitler ensemble", dit-il. "Je savais qu'il y aurait des gens qui ne seraient pas à l'aise avec le film", poursuit-il cependant, en réponse à ceux qui ont critiqué le parti-pris inattendu du film. "Mais j'ai l'impression que c'est une façon de se fermer à des nouvelles façons de penser sur le sujet." Pour Taika Waititi, "il y a besoin d'autres perspectives". "J'ai l'impression qu'en tant que Néo-Zélandais, on a toujours un regard extérieur, donc on est très observateurs", ajoute-t-il. "C'est comme si, quel que soit le sujet dont on parle, c'était toujours d'un point de vue d'outsider".

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