Jean-Jacques Annaud : "J'aime la nature et l'animal qui est en nous"
Après le Tibet et les ours, Jean-Jacques Annaud nous emmène donc en Mongolie à la découverte des loups. L’intrigue du "Dernier loup" a pour toile de fond l’année 1969. Mao Tsé Toung a lancé la Révolution culturelle, envoyant des milliers d’étudiants dans les zones isolées du pays afin d’éduquer les paysans que le pouvoir veut sédentariser. C’est ainsi que Chez Zhen, un étudiant de Pékin débarque dans une tribu de bergers nomades pour enseigner le chinois. L’initiateur va découvrir le lien complexe qui unit ce clan au loup. Un lien qu’il va tenter de comprendre en capturant un louveteau afin de l’apprivoiser. Projet d’autant plus difficile qu’au même moment, le gouvernement central décide d’éliminer les loups de cette région.
Un best-seller qui a créé la polémique en ChineLe dernier loup est adapté du best-seller « Le Totem du loup » de Jian Rong. L’auteur, dont le vrai nom est Lü Jiamin, s’est basé sur sa propre histoire. Né en 1946 près de Shanghaï, dans une famille de communistes militants, il devient garde rouge alors que son père, haut fonctionnaire, est mis en accusation. En 1967, il part comme volontaire en Mongolie. Il y passe onze ans... dont trois en prison pour avoir osé critiquer en 1970 un dirigeant local du Parti et les politiques culturelles de la Révolution. Engagé dans le mouvement du printemps de Pékin dès 1978, Jian Rong a écopé de quatre condamnations puis d’un an et demi de prison après l’insurrection de Tiananmen.
En Chine, où il est paru en avril 2004 (en France, en 2008 aux Editions François Bourin), « Le Totem du loup » a remporté un immense succès. Il s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires. Sans être censuré, Le Totem du loup a provoqué une immense polémique, se faisant traiter par certains intellectuels de livre fasciste, révisionniste ou libéral. Car derrière le roman d’aventures se cache un brûlot dénonçant les décisions arbitraires de bureaucrates zélés et bornés. C’est aussi un appel à la résistance, une façon de dire aux Chinois qu’ils doivent adopter « l’esprit du loup » pour sortir de la soumission et faire face au monde.
Jean-Jacques Annaud raconte les rapports entre les loups et les hommes Une coproduction sino-française
En 2004, les studios Forbidden City Films Co ont acheté les droits d’adaptation cinématographiques du Totem du loup pour 1 millions de yuans mais sans trouver de réalisateur chinois désireux de s’atteler à un tel projet. Il fallait un cinéaste de la trempe de Jean-Jacques Annaud, habitué à filmer les grands espaces autant qu’à gérer des projets ambitieux. "La guerre du feu", "L’Amant", "7 ans au Tibert", "L’Ours"... Annaud n’a jamais fait dans la facilité. Pour "Le Dernier loup", il a fallu élever une meute de 35 loups, afin d’avoir des images de loups sur quatre générations. Ils ont été dressés durant trois ans tout en préservant leur état sauvage. Le tournage, qui a pris deux ans, a été réalisé sur les quatre saisons avec un hiver très rude qui a mis à rude épreuve les équipes et le matériel. Au total, 480 personnes (dont 8 étrangers seulement) ont travaillé sur cette co-production sino-française.
"Le Dernier loup" de Jean-Jacques Annaud en salles le 25 février 2015
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