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"I Am Divine" : Divine, star queen en chair et en strass

Egérie de John Waters qui la fit tourner dès son premier film "Mondo Trasho" en 1969, Divine est un cas dans le monde du spectacle, pas seulement du cinéma. Drag Queen sans doute la plus célèbre du monde depuis "Pink Flamingos" (1972) du même Waters, elle fait l'objet du touchant documentaire de Jeffrey Schwartz, rassemblant images d'archives et témoignages de ses proches.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Divine : "I Am Divine" de Jeffrey Schwarz
 (Zelig Films Distribution)

Documentaire de Jeffrey Schwarz (Etats-Unis), avec : Divine, John Waters, Ricki Lake - 1h30 - Sortie : 26 mars 2014

Synopsis : L'histoire de Divine, alias Harris Glenn Milstead : du jeune homme en surpoids de Baltimore à la drag queen de renommée internationale qu’il est devenu grâce à sa collaboration avec John Waters. Faisant fi des idées préconçues à propos de la beauté et des convenances en matière d’apparence physique, d’identité sexuelle et de sexualité, Divine est le symbole absolu du marginal devenu égérie underground.

Prisonnier de Divine
Né dans le comté de Baltimore (Maryland), Harris Glenn Milstead, future Divine - son nom de scène -, y rencontre John Waters qui y a grandi. Le "pape du trash" tournera tous ses films dans sa ville natale, avec ses amis du cru. C'est son deuxième long-métrage, "Pink Flamingos" qui va faire de Divine une star internationale, pour une scène peu ragoutante à la fin du film, où Waters lui a demandé de manger… une crotte de chien. Le buzz est incroyable et tout le public se rue voir l'épisode coprophile, du spectateur lambda aux stars du showbiz, d'Andy Warhol à Elton John, avec lesquels Divine restera liée.

Star underground et des Midnight movies, Divine va poursuivre sa carrière au cinéma, toujours avec Waters, mais aussi sur scène et dans la chanson, enregistrant quatre albums de 1982 à 1988, date de sa mort d'une apnée du sommeil. Harris Glenn Milstead s'est battu bec et ongles pour que le public fasse la différence entre l'homme qu'il était à la ville et son personnage de scène. Mais il restera très marqué par l'épisode trash qui le révéla au cinéma (dont on lui parla toute sa vie), et l'excessive Divine - en fait une invention de John Waters. Il parviendra très difficilement à en sortir, et encore, à la fin de sa vie. Le documentaire de Jeffrey Schwartz est poignant, car si Harris Glenn Milstead, alias Divine, assume à 100% son alter ego, il n'en fut pas moins embarrassant et un atout paradoxal.

Divine au naturel : Harris Glenn Milstead dans "I Am Divine" de Jeffrey Schwarz
 (Zelig Films Distribution)

A la marge
Le comédien s'est toujours retrouvé à la marge, depuis son enfance, quand, rondouillard, il était la risée de l'école. Puis son penchant pour le travestissement ne pouvait que le pousser un peu plus à la périphérie. Ses excès en nourriture, alcool et drogues devinrent des inconvénients qui parfois gâchaient ses prestations. Sa réputation sulfureuse le bannit de sa famille, avec laquelle il se réconciliera tardivement… Il n'en était pas pour autant amer et afficha une bonhomie non feinte jusqu'à sa fin prématurée, à 42 ans.

C'est ce destin atypique que retrace "I Am Divine". Fou de cinéma, ivre de devenir une star et de parcourir le monde, Harris Glenn Milstead parvint à ses fins. Ironie du sort, quand une chaîne de télévision lui proposa d'endosser un rôle important dans une sitcom promise au succès, sous son vrai visage - ce dont il avait toujours rêvé -, il décéda dans la nuit précédant son audition. Drag Queen clownesque, jouant de son obésité aux antipodes de ses congénères avides de perfection féminine, provocateur et rigolard, Divine surmonta avec aplomb, recul, humour et intelligence ce que d'aucuns auraient pu subir comme une tragédie, alors que lui/elle le vécut comme une aubaine divine. 

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