"Hunger Games - L'Embrasement" : SF à la Orwell à l'usage des adolescents
De Francis Lawrence (Etats-Unis), avec : Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Josh Hutcherson, Donald Sutherland, Woody Harrelson - 2h26 - Sortie : 27 novembre 2013
Synopsis : Après l’apocalypse, le continent nord-américain est devenu Panem, une nation répartie en 12 districts, où la population vit dans l’indigence sous le contrôle d’une dictature qui a instauré des jeux annuels mortels pour les participants et suivis par toute la population. Katniss Everdeen, après avoir remporté la 74e édition des Hunger Games avec son partenaire Peeta Mellark. sont obligés de faire la Tournée de la victoire dans tous les districts. Au fil de son voyage, Katniss sent que la révolte gronde, mais le Capitole exerce toujours un contrôle absolu sur les districts tandis que le Président Snow prépare la 75e édition des Hunger Games, les Jeux de l’Expiation – une compétition qui pourrait changer Panem à jamais…
Science-fiction et politique
Si l’on retrouve les acteurs du premier opus d’« Hunger Games », Gary Ross a laissé sa place à Francis Lawrence, réalisateur de films fantastiques et de science-fiction de gros acabit, puisqu’on lui doit « Constantine » et « Je suis une légende ». Il a également signé dans un autre registre « De l’eau pour les éléphants ». Son passage à la franchise est plutôt réussi, parvenant à garder l’attention sur les 2h26 du film, ce qui n’est pas évident quand un univers est déjà installé par un premier épisode.
Cette suite est des plus justifiées, en relançant l’intrigue astucieusement, l’ensemble de la trilogie racontant l’émergence d’une révolution dans un régime dictatorial. Politique et science-fiction ont toujours fait bon ménage et il n’est pas inintéressant de voir ce mélange s’étendre à une littérature, puis un cinéma, plus ciblé sur les jeunes. Ainsi le thème du jeu relayé par la télévision dans un but politique et d’asservissement des masses avait déjà été mis en équation dans « Rollerball » (Norman Jewinson, 1975), ou « Le Prix du danger » (Yves Boisset, 1982). « Hunger Games » place le sujet au cœur de l’histoire.
Action et émotion
Le traitement du spectacle télévisuel dans « Hunger Games » n’est pas sans rappeler celui que l’on trouve dans la bande-dessinée de Moebius et Jodorowsky « L’Incal », avec ses présentateurs hyper maquillés, gominés, permanentés, aux costumes colorés à paillettes. Le sujet politique ne va pas à l’encontre de l’action, les épreuves des Hunger Games consistant à une suite de combats entre clans, avec des pièges parsemés par les organisateurs. La brutalité du régime est également soulignée, avec des services de sécurité d’une cruauté manifeste, sans parler de dirigeants (excellents Donald Sutherland et Philip Seymour Hoffman) des plus cyniques et avides de pouvoir.
Trouver un discours transgressif prônant la rébellion dans un blockbuster « mainstream » n’est pas si courant, même si le propos n’est pas révolutionnaire, restant dans un manichéisme attendu. Mais cela change des super-héros que l’on nous sert au kilomètre (même si on les aime bien). L’émotion n’est pas non-plus absente et le parcours des héros, semé d’embuches et de trahisons, est des plus sombres. Francis Lawrence fait de son côté le job, et est déjà sur le troisième film de la série, attendu pour l’hiver 2015.
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