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"Flight" : Denzel Washington dézingué en plein vol

Producteur et réalisateur, considéré comme un des plus grands pontes d’Hollywood, après 12 ans passés à réaliser des films en « motion capture » (« Le Pôle Express » et « L’Etrange Noël de Scrooge »), Robert Zemeckis (« Forest Gump ») revient au tournage « live » avec « Flight », dans lequel il dirige un Denzel Washigton pris au piège de ses démons.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Denzel Washington dans "Flight" de Robert Zemeckis
 (Paramount Pictures France )

De Robert Zemeckis (Etats-Unis), avec : Denzel Washington, Don Cheadle, Kelly Reilly, John Goodman - 2h18 - Sortie : 13 février

Synopsis : Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations. Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.

Double vie
Si « Flight » s’ouvre sur une impressionnante scène d’avion de ligne en péril, le film n’a rien à voir avec un film catastrophe. La catastrophe est celle que va vivre son pilote (Denzel Washington), accueilli comme un héros pour avoir sauvé ses quelque 200 passagers, puis mis à mal par l’enquête qui va le mettre face à lui-même. Ses vices vont être étalés en public à l’occasion d’un procès au cours duquel va se produire une prise de conscience salvatrice.

Il y a bien une prise de position morale, sinon moralisatrice dans « Flight ». Wip Whitaker est un remarquable pilote de ligne, mais ne tient-il pas le coup grâce à ses prises régulières de drogue et d’alcool ? Est-il capable de s’en rendre compte, de cesser de se mentir à lui-même et à tout son entourage ? De mener cette double vie, d’effectuer son examen de conscience ? « Flight » n’est donc pas un film sur l’enquête autour d’une catastrophe aérienne. Celle-ci est le prétexte à construire un personnage emblématique d’une situation  de plus en plus commune, celle de la consommation de stupéfiants ou/et d’alcool dans le contexte professionnel. Le film se garde bien par ailleurs de parler des médicaments, également facteur d’addiction. L’angle est donc bien moral.
Denzel Washington et Kelly Reilly dans "Flight 3"
 (Paramount Pictures France )
Pas de vagues
La situation dans laquelle se trouve Wip Whitaker ne se limite pas à sa profession, et comme pour toute personne prise dans cet engrenage, englobe toute sa personnalité et ses rapports aux autres. Si Robert Zemeckis et son scénariste John Gatins, qui a travaillé 12 ans sur le projet, traitent le sujet, à aucun moment la pression professionnelle n’est mise en perspective, alors que les cadences infernales que subissent les pilotes de ligne est bien connue et sans doute responsables de déviances, comme dans d’autres professions d’ailleurs.

Donc, pas de vagues, seul l’individu est responsable. Aucune circonstance atténuante à l’horizon. Wip Whitaker est victime d’un accident de la vie, qui aurait pu être tout autre que celui décrit. Le « vol » du titre n’est pas tant celui qui va déclencher tous ses déboires, mais celui que le pilote va effectuer en lui-même pour se révéler, avec cette sempiternelle rédemption, thème récurrent du cinéma américain. Pourquoi pas ? Mais manque une partie de l’équation dans la démonstration, avec un pathos coutumier à Hollywood à la clé, sur un mode académique, malgré tout le talent de Robert Zemeckis et de Denzel Washington. Un vol plombé.

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