Cet article date de plus de six ans.

"First Man" : le premier homme sur la Lune par l'auteur de "La La Land"

Après "La La Land", l’on n’attendait pas Damien Chazelle à la tête d’un biopic sur Neil Armstrong, le premier homme à marcher sur la Lune. Il reprend Ryan Gosling dans le rôle principal, mais le chef de file de la nouvelle génération d’acteurs américains, est paradoxalement l'un des moins expressifs. Un choix justifié pour le rôle d'Armstrong qui, selon sa biographie, était des plus distants.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Ryan Gosling dans "First Man" de Damien Chazelle
 (Universal Pictures International France)

Traumatisme originel

La première scène de "First Man" voit Armstrong battre un record d’altitude en avion dans une carlingue branlante qui rappelle les images de Chuck Yeager (Sam Shepard) dans "L’Etoffe des héros" (1984) de Philip Kaufman, film sur le programme Mercury (1961-1963) de la NASA. "First Man" commence à la fin de celui-ci, enchaînant sur les missions Gemini (1965-66), puis Apollo (1967-1975) dont l’acmé fut l’alunissage historique du 21 juillet 1969.
Si "First Man" fait beaucoup penser au film de Kaufman, le ton en est radicalement différent. On passe de "L’Etoffe des héros", lyrique et plein d’humour, à un "First Man" à l'image réaliste, dénué d'émotion. Cela ne dessert pas les choix de Damien Chazelle, fidèle à l’homme dont il fait le portrait, au-delà de son acte historique. Et cela commence par son traumatisme subi lors de la perte prématurée de son premier enfant. Un choc qui le mènera à se réfugier dans sa mission au sein du programme Gemini, comme ingénieur, puis Apollo, comme astronaute, au détriment de sa vie familiale. Une situation qui rappelle, plus prosaïquement, le vécu de nombreuses familles d'aujourd'hui...

Reportage :  J. C. Batteria / M. Azor-Diawara / C. Beauvalet

Le rêve lunaire

L’inexpressivité de Ryan Gosling, ses yeux continuellement mi-clos d’indifférence, collent au personnage. Il n’est qu’en retrait. Ce qui met en avant le jeu de Claire Voy dans le rôle de son épouse (elle rappelle Diane Venora dans "Bird", le biopic sur Charlie Parker de Clint  Eastwood), notamment lors de la meilleure scène du film où elle s’efforce de convaincre son mari de rassurer leurs enfants avant de partir pour la Lune. De fait ce héros de l’humanité porteur de valeurs humaines n’inspire guère d’empathie. La scène où il dépose le bracelet de sa fille décédée dans le cratère lunaire tente de rattraper le coup, mais maladroitement.
Ryan Gosling et Claire Foy dans "First Man" de Damien Chazelle
 (Universal Pictures International France)
"First Man" tout en restant fidèle à son modèle est un peu victime de son sujet, plus axé sur l'homme que sur la mission. Un homme qui se réfugie dans le travail pour compenser une absence, une douleur. Celles d'une paternité et d'une filiation empêchées. Comme s’il s’était sacrifié pour engendrer un vieux rêve de l’humanité : marcher sur la Lune. "Walking on the Moon".
"First Man" : l'affiche
 ( Universal Pictures International France )

LA FICHE

Genre : Biopic
Réalisateur : Damien Chazelle
Pays : Etats-Unis
Acteurs :  Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke, Kyle Chandler, Corey Stoll
Durée : 2h22
Sortie : 17 octobre 2018

Synopsis : Pilote jugé 'un peu distrait' par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.