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"Fidelio, l'odyssée d'Alice" : elle préfère l'amour en mer

Pour son premier film, Lucie Borteleau s'est choisi deux personnages majeurs : Alice, unique femme dans un univers d'hommes, et le vieux cargo sur lequel elle embarque. Joliment filmé, "Fidelio" est une aventure sensuelle, pleine d'embruns.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Ariane Label dans "Fidelio, l'odyssée d'Alice" 
 (Pyramide Distribution)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

Film français de Lucie Borleteau – Avec Ariane Label, Melvil Poupaud, Anders Danielsen Lie, Pascal Tagnati et Corneliu Dragomirescu - Durée : 1h35 – Sortie : 24 décembre 2014

Synopsis : Alice, 30 ans, est marin. Elle laisse Félix, son homme, sur la terre ferme, et embarque comme mécanicienne sur un vieux cargo, le Fidelio. A bord, elle apprend qu’elle est là pour remplacer un homme qui vient de mourir et découvre que Gaël, son premier grand amour, commande le navire. Dans sa cabine, Alice trouve un carnet ayant appartenu à son prédécesseur. La lecture de ses notes, entre problèmes mécaniques, conquêtes sexuelles et mélancolie amoureuse, résonne curieusement avec sa traversée. Au gré des escales, au milieu d’un équipage exclusivement masculin, bercée par ses amours qui tanguent, Alice s’expose au bonheur de tout vivre à la fois et tente de maintenir le cap…
Lucie Borteleau signe un premier long-métrage puissant et abouti. Sa façon de filmer le Fidelio, cet énorme cargo, de restituer la vie à son bord a une valeur documentaire. Dans les entrailles du mastodonte, des machines à bout de souffle tournent à plein régime dans un vacarme assourdissant, et une chaleur terrible. C'est l'univers d'Alice, la vie qu'elle a choisie. Et c'est vraiment comme si on y était.

La richesse de ce tournage en cinémascope est la principale force de ce film attachant. "Ce qui se passe en mer reste en mer" dit un des marins. Et Alice a fait sienne cette maxime. Amoureuse transie à terre, elle change dès que les amarres sont larguées, seule présence féminine dans un univers masculin, jamais totalement insensible à la lueur que révèle le regard d'un homme.
  (Pyramide Distribution)
Ariane Label est remarquable, femme libre, forte et magnifique, prête à tout donner pour ce métier qu'elle adore, empêtrée dans ses contradictions, partagée entre les hommes qu'elle aime ou qu'elle désire. Devant une caméra qui ne cache rien d'elle, elle s'investit totalement dans ce joli rôle. Les nombreuses scènes de sexe restent joyeuses.
  (Pyramide Distribution)
Reconnaissons que Melvil Poupaud est un cran en dessous dans la peau d'un commandant de marine marchande, un peu trop lisse. Le casting souffre d'ailleurs globalement de quelques faiblesses, certains personnages auraient mérité plus d'épaisseur.

Reste que ce film réaliste, est un beau voyage qui donne des envies de grand large. Et qui ne baisse pas les yeux sur les aspects moins reluisants de la vie des gens de mer : des personnels philippins ou roumains payés quatre fois moins que les Français, l'omniprésence de la prostitution lors des escales, ou les bizutages sévères au passage de l'Equateur.

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