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"En mai fais ce qu'il te plaît", l'exode de 1940 selon Christian Carion

Parmi les 8 millions de Français fuyant leurs villes et leurs villages menacés par les Allemands en mai 1940, les habitants d'une petite commune agricole du Pas de Calais. Emmenés par leur maire, ils entament un exode aussi douloureux que périlleux. Christian Carion signe un beau film populaire, remarquablement reconstitué
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"En mai fais ce qu'il te plaît" de Christian Carion
 ( Jean-Claude Lother)

Pour son 4e film, le Nordiste Christian Carion continue à puiser dans son histoire familiale. L'exode de mai 1940, c'est sa mère qui lui a raconté. Elle avait 14 ans et en gardait un souvenir plutôt joyeux. Une parenthèse inattendue, des nuits à la belle étoile, une insouciance adolescente qui n'allait pas tarder à être rattrapée par le réalisme brutal des années noires.

Pour construire son film, Carion a lancé un appel aux témoignages dans sa région du Nord-Pas de Calais. Il a en reçu beaucoup, souvent saisissants. Et ils ont donné corps à son projet.


D'Arras s'échappent les premières colonnes de fumées qui ne présagent rien de bon. Les Allemands approchent, la débâcle est en marche. Dans un petit village de l'Artois, le maire réunit ses administrés. Il faut partir. Comme huit millions d'autres Français, les voici qui prennent la route, à pied, à vélo, à cheval ou en voiture pour les plus chanceux. Cette France qui plie bagage, abandonnant ses champs et ses bêtes, Christian Carion la dessine avec chaleur et minutie. Pas encore de héros ni de lâches, juste des hommes et des femmes pétris d'angoisse à l'idée de tout devoir reconstruire plus loin.

Dans le convoi qui traverse les campagnes du Pas de Calais et de la Somme, des personnages émergent : le maire (Olivier Gourmet, fameux, comme toujours), Mado, la patronne du bistrot (Mathide Seigner), Roger, l'agriculteur ronchon (génial Jacques Bonaffé) ou le rabelaisien Albert (Laurent Gerra, un cran en dessous malheureusement). En marge de ce voyage plein de risques, Carion a créé un ressort mélodramatique, une histoire dans l'histoire, celle d'un père allemand (opposant communiste) à la recherche de son petit garçon parti avec les villageois.
  (Jean-Claude Lother)

Reconstitution très soignée, histoire bien tenue, "En mai fais ce qu'il te plaît" est dans la droite ligne de l'œuvre du réalisateur, adepte d'un cinéma populaire de qualité. On vibre pour ces personnages attachants, les scènes de guerre sont crédibles. Avec, cerise sur la gâteau, une bande originale signée… Ennio Morricone, le géant italien qui n'avait plus composé pour un film français depuis 30 ans !

Au moment où les images de réfugiés fuyant les guerres d'aujourd'hui nous bouleversent quotidiennement et ne cessent de s'infuser dans le débat politique, il n'est pas inutile de se souvenir de cette épisode d'une France en fuite…
  (Jean-Claude Lother)

Reportage : P. Deschamps, A. Zouioueche, J-P. Bosch, C. Ferron

Drame français de Christian Carion – Avec August Diehl, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Alice Isaaz, Joshio Marlo, Matthew Rhys, Laurent Gerra et Jacques Bonnaffé – Durée : 1h54 – Sortie : 4 novembre 2015

Synopsis : Mai 1940. Pour fuir l'invasion allemande, les habitants d'un petit village du nord de la France partent sur les routes, comme des millions de Français. Ils emmènent avec eux dans cet exode un enfant allemand, dont le père opposant au régime nazi est emprisonné à Arras pour avoir menti sur sa nationalité. Libéré dans le chaos, celui-ci se lance à la recherche de son fils, accompagné par un soldat écossais cherchant à regagner l'Angleterre...

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