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Des "Nouveaux sauvages" hilarants et déjantés

Produit par Pedro Almodóvar, "Les Nouveaux Sauvages" est un film à sketches transgenre, qui mêle à la fois thriller, comédie et fantastique. Réalisé par Damián Szifron et mené par la prestation de l'acteur argentin Ricardo Darín, le film regroupe des 'histoires indépendantes les unes des autres. Ce premier long métrage de Damián Szifron était en compétition au dernier Festival de Cannes.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
"Les Nouveaux sauvages" de Damiàn Szifron
 (Warner Bros Pictures España)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

De Damián Szifron (Argentine), avec Ricardo Darín, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia, Erica Rivas - Durée : 2h02 - Sortie : 14 janvier 2015
Unité de ton
Les films à sketches sont rares. En provenance d'Argentine encore plus. Très populaire dans les années 60 notamment en Italie et un peu en Grande-Bretagne, le genre s'est rapidement essoufflé. Il faut dire que l'exercice n'est pas facile ; entre hétérogénéité et unité, avec l'écueil de tomber dans l'inégalité entre les récits, ce qui est souvent le cas. L'Argentin Damián Szifron s'en tire fort bien, grâce à des piécettes jouant d'un humour noir ravageur, pointant sur des caractères humains exacerbés et des situations absurdes, kafkaïennes, voire surréalistes…

Le film parvient à associer thriller, comédie et fantastique dans chacun de ses pendants, sur une écriture brillante, constante et efficace sur sa durée de deux heures. Ce qui est en soit un exploit. La corde du cynisme est largement mise à contribution, tout en mettant en scène des personnages attachants et en stigmatisant autant des traits psychologiques que des maux de nos sociétés occidentales. Si ce trait est commun au prologue et aux quatre sketches qui suivent, ce caractère unitaire ne se retrouve pas dans un lien narratif. Est-ce un mal ? Cette tendance à lier les histoires entre elles s'est avérée souvent artificielle. Passer outre n'est pas plus mal, surtout quand l'unification de l'ensemble se traduit par une unité de ton.
Erica Rivas et Rita Cortese dans "Les Nouveaux Sauvages" de Damián Szifron
 (Warner Bros Pictures España)
Références
"Les Nouveaux sauvages" fut chaudement applaudi pendant et à l'issue de la projection cannoise. Cela rassure de constater cette ouverture d'esprit des sélectionneurs envers un film atypique, et qui relève surtout de la comédie, même si elle est des plus noires, genre très rarement représenté dans la compétition et la sélection officielle cannoise.

On cite souvent "Les Monstres" (Dino Risi, 1963) et "Les Nouveaux monstres" (Dino Risi, Ettore Scola, Mario Monicelli, 1978), en regard de ces "Nouveaux sauvages", en raison des croisements comportementaux avec une conjoncture, sur le ton de la dérision. Effectivement, une continuité persiste. Mais l'on pourrait tout autant faire référence à "Airport" (1970, George Seaton) pour le prologue, à "Duel" (1971, Steven Spielberg), "Les Tueurs de la lune de miel" (1970, Leonard Kastel), "Le Procès" (1962, Orson Welles) ou "Mariage" (1978, Robert Altman) pour chacun des sketches. Des références assumés et revendiqués par Damián Szifron, ce qui relève souvent d'un premier film, ici sur un ton ludique, franchement drôle, sinon hilarant. 

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