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"Déprogrammation" du "J'accuse" de Polanski en Seine-Saint-Denis : élus et directeurs de cinémas dénoncent une "censure"

La collectivité Est Ensemble, qui regroupe neuf communes de Seine-Saint-Denis, a annoncé mardi qu'elle souhaitait "déprogrammer" de ses six cinémas publics le film "J'accuse" de Roman Polanski, visé par une nouvelle accusation de viol.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"J'accuse", de Roman Polanski (2019) ( GAUMONT - LEGENDE FILMS - CANA)

Des élus et des directeurs de cinémas de Seine-Saint-Denis ont dénoncé mercredi une "censure" après la décision de la collectivité Est Ensemble, qui regroupe neuf communes de Seine-Saint-Denis, de déprogrammer le film J'accuse de Roman Polanski de ses six cinémas publics. C'est une "première en France", a fustigé Stéphane Goudet, directeur du cinéma Le Méliès à Montreuil, dans un post sur Facebook.

Mardi soir, lors d'un conseil de territoire, Gérard Cosme, le président PS de la collectivité Est Ensemble avait annoncé sa décision de "déprogrammer" le film en raison de la nouvelle accusation de viol portée contre son réalisateur.

Cette décision, soutenue par des élus de droite et de gauche, doit être soumise mercredi aux directeurs des six cinémas concernés qui ont la possibilité de ne pas l'appliquer.

"La liberté individuelle des spectateurs n'est pas suffisante ?"

"Nous demandons dès à présent à nos élus la liste des cinéastes dont nous n'aurons plus le droit de programmer les films et la définition de leurs critères", a poursuivi le directeur du Méliès. "Un comité de vérification de la moralité des artistes programmés est-il prévu, puisque la liberté individuelle des spectateurs n'est pas suffisante ?"

"Nous souhaitons également savoir quel sort sera réservé aux écrivains et peintres condamnés pour crimes dans les bibliothèques d'Est Ensemble", a-t-il ajouté. "Selon toute vraisemblance, les livres de Céline et Althusser, les DVD de Max Linder, Brisseau, voire Woody Allen (plus besoin ici de décision de justice), les disques de Michael Jackson et les ouvrages sur Le Caravage et Gauguin devraient être retirés des rayonnages".

Les élus réagissent

Dans un post Facebook, le maire PCF de Montreuil, Patrice Bessac, a lui aussi dénoncé "une décision regrettable et contestable".

"Certains des cinémas à l'instar du Méliès (...) avaient fait le choix, juste, du débat et de la sensibilisation plutôt que celui de la censure", a-t-il dit, ajoutant que la projection du film devait être accompagnée de débats avec des associations féministes.

"Je suis également profondément convaincue que jamais la censure d'une oeuvre ne plaidera pour quelque cause que ce soit", a également déclaré Alexie Lorca, adjointe à la culture de la ville.

En Belgique aussi

Des hostilités à l'encontre de la projection de J'accuse de Roman Polanski ont également fait l'objet d'affichages par des militantes féministes sur trois cinémas de Bruxelles. "Polanski violeur, cinéma coupable, public complice", dénonce l'une des affiches qui ont été collées sur les portes et façades des cinémas UGC De Brouckère, UGC Toison d'Or et le cinéma indépendant Palace.

Une photo du réalisateur franco-polonais est accompagnée du slogan "laisse les filles tranquilles", nom d'un collectif féministe. D'autres affiches portent les messages "Polanski pédocriminel impuni" ou encore "J'abuse et vous financez".

Affiches sur un cinéma de Bruxelles dénonçant Roman Polanski, à l'occasion de la sortie de son film "J'accuse" en novembre 2019. (NILS QUINTELIER / BELGA MAG)

"Nous exigeons que les projections de ce film soient annulées, ainsi que les campagnes médiatiques et d'affichage prévues", indique dans un communiqué le "collectif d'associations, de militant.e.s et de personnalités", comprenant notamment "Laisse les filles tranquilles" et "Paye ton tournage", qui a revendiqué ces actions et en a publié les photos.

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