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"De l'autre côté du ciel", premier film d'animation de Yusuke Hirota : pari coloré et poétique sur une très étrange amitié

Pour son premier long-métrage, Yusuke Hirota anime un conte pour enfant populaire au Japon, "Poupelle et la ville sans ciel", d’Akihiro Nishino. Un film bariolé et énergique qui célèbre l’amitié et la nécessité de croire en ses rêves. En salles le 17 août. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Jérémie Laurent-Kaysen
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Lubicchi et Poupelle dans le film "De l'autre côté du ciel" de Yusuke Hirota. (ART HOUSE)

Un ciel obscurci par un épais et immense nuage gris. Cheminée Ville, cité insulaire et industrielle jaunie par les éclairages électriques allumés nuit et jour, porte bien son nom : des milliers de conduits de cheminées recouvrent les toits de ses édifices, crachant des kilos de fumée. Ses habitants ne connaissent pas l’existence du soleil, encore moins celle des plantes et de la plupart des animaux qui ont disparu de la surface de la terre depuis des centaines d’années.

Lubicchi, petit garçon aux cheveux roux caché sous un chapeau haut-de-forme tout rapiécé, est obligé de travailler comme ramoneur depuis le décès de son père. Il vit seul avec sa mère, malade. Le jour de la fête d’Halloween, il vient en aide à un mystérieux homme-poubelle, coincé dans une montagne de déchets prête à être incinérée. Ce monstre candide et attendrissant est recherché par les forces de l’ordre de la ville à cause de sa différence. Le jeune garçon le baptise "Poupelle", comme le héros de son conte préféré. Ensemble, ils essayeront de réaliser son plus grand rêve : contempler dans le ciel des petits points lumineux que son père nommait "étoiles".

Steampunk et 3D

De l’autre côté du ciel est un film d’animation japonais qui sort un peu des codes traditionnels des films nippons diffusés dans les cinémas français. Loin de copier l’esthétique des splendides longs-métrages d’Hayao Miyazaki, son réalisateur Yusuke Hirota a préféré se tourner vers un univers "steampunk" (style qui associe l’esthétique industrielle du XIXe siècle à des éléments futuristes) mêlant la 2D à la 3D. Les deux techniques graphiques s’assemblent à merveille : les images de synthèse apportent du relief et de la fluidité aux dessins, les dessins des couleurs intenses et de l’expressivité aux images de synthèse. Les plans aériens de la ville, couverte d’une fine pellicule jaune, donnent presque l’impression de survoler New York avec ses immenses buildings illuminés.

Pourtant, Cheminée Ville ne ressemble à aucune autre. Avec ses longues cheminées et ses bâtiments imposants, elle a les traits de n’importe quelle ville industrielle, peu accueillante, où les crimes et les maladies règnent en maître. Dans une interview, le réalisateur Yusuke Hirota a expliqué qu’il ne souhaitait pas qu’elle puisse faire penser à un lieu en particulier : "Pour ce faire, j'ai utilisé un certain nombre de villes réelles comme références - Jiufen à Taiwan ou le complexe industriel de Shûnan au Japon, par exemple. Pour ma part, j'aime les ruelles des bas-quartiers d'Asie, car j’ai l’impression qu'elles recèlent de drames...". À travers le regard pur du jeune héros Lubicchi, la sombre cité enfumée trouve pourtant sa féerie.

Lubicchi dans le film "De l'autre côté du ciel" de Yusuke Hirota. (ART HOUSE)

Des personnages attachants inspirés d’un livre

Inspiré du roman Poupelle et la ville sans ciel d’Akihiro Nishino, De l’autre côté du ciel est avant tout autre chose une belle histoire d’amitié entre un jeune garçon et un robot humanoïde. Poupelle, composé de détritus - une casserole rouillée pour mâchoire, de vieux balais à la place des pieds - est aussi puant qu’il est attachant. Apparu soudainement et mystérieusement à Cheminée Ville, il ne connaît rien au monde ni aux émotions, bien qu’il soit naturellement doté du langage. Rejeté par les habitants et recherché par les forces de l’ordre, il trouve un refuge chez le petit Lubicchi. Dans la version française, Philippe Katerine prête sa voix au personnage, et par la même occasion toute sa sensibilité et sa délicatesse.

Poupelle et Lubbicchi dans le film "De l'autre côté du ciel" de Yusuke Hirota. (ART HOUSE)
Chapeaux haut-de-forme, veston et costumes rapiécés, monocle et barbichettes… Les autres personnages ont également un style travaillé, comme l’est tout l’univers du film : Dan, le chef des ramoneurs a une vraie allure de dandy avec ses cheveux longs et sa barbe impeccablement taillée. Scoop "La Pipelette", quant à lui, est recouvert d’une carapace d’escargot en acier, pour un look très futuriste. À travers ces différentes rencontres, le jeune Lubicchi fait face à plusieurs épreuves que le film utilise comme enseignements : la solitude, le deuil ou encore le besoin de croire en ses rêves.

Film jeune public qui plaira aussi aux plus grands, De l’autre côté du ciel est plein de bons sentiments. Il lève un voile de fumée sur des thématiques parfois difficiles mais très actuelles, comme l’urgence climatique, dans un univers coloré et poétique.

Affiche du film "De l'autre côté du ciel" de Yusuke Hirota. (ART HOUSE)

La fiche

Genre : Animation, fantastique
Réalisateur : Yusuke Hirota
Doublage : Philippe Katerine, Masataka Kubota, Fanny Bloc
Pays : États-Unis
Durée : 1h40
Sortie : 17 août 2022
Distributeur : Art House
Synopsis : Lubicchi vit au milieu de grandes cheminées dont l’épaisse fumée recouvre depuis toujours le ciel de sa ville. Il aimerait prouver à tous que son père disait vrai et que, par-delà les nuages, il existe des étoiles. Un soir d’Halloween, le petit ramoneur rencontre Poupelle, une drôle de créature avec qui il décide de partir à la découverte du ciel.

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