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"De bas étage", beau polar social sur la fin d’une délinquance générationnelle

Le premier long métrage de Yassine Qnia chronique la fin d’une ère, et la remise en question de la deuxième génération issue de l’immigration.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Soufiane Guerrab et Souheila Yacoub dans "De bas étage" de Yassine Qnia (2021). (SHANNA BESSON / LE PACTE)

Projeté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, De bas étage, qui sort mercredi 4 août, est le premier film de Yassine Qnia, un coup d’essai qui capte la fin d'une époque. Un film en immersion à Aubervilliers, Seine-Saint-Denis, où Mehdi tire les dernières flèches de ses petits larcins entre potes, tout juste séparé de sa compagne et jeune père. Un passage tardif à l’âge adulte, bien ressenti et partagé...

Délinquance banlieusarde

La trentaine, Mehdi vient d’être plaqué par Sarah qui lui a donné un fils. Petit perceur de coffres avec deux copains, leurs plans sont de plus en plus risqués et ne payent plus. Les alternatives professionnelles ne le tentent guère, alors qu'autour de lui, tous s’y adaptent. Déphasé avec son entourage, il tente de reconquérir Sarah, mais le fossé entre deux mondes semble inéluctable.

Dans les années 1980, le polar français s’est renouvelé en délaissant le "milieu" où dominait un code de l’honneur, pour explorer la délinquance issue de la deuxième génération d’immigrés venue des banlieues, moins balisée. Avec De bas étage, Yassine Qnia met en scène des petits braqueurs classiques, alors que le trafic de drogue a pris le dessus depuis belle-lurette. Mehdi est d’un autre âge et ses potes le suivent à contrario, et vont bientôt le lâcher. 

Au cœur des personnages

Yassine Qnia ne fait pas de fioritures, il filme sur le vif sans pour autant copier l’approche documentaire, une tendance très en vogue mais qu’il évite. Il privilégie l’histoire et les personnages, dans le cadre d’une fiction qui relate le passage et l’adaptation à un monde nouveau. Celui-ci est autant extérieur, avec des braquages de moins en moins lucratifs, qu’intérieur. Ses proches, et Sarah en premier, ont compris qu’ils devaient laisser derrière eux un mode de vie encore ancré, à 30 ans, dans l’adolescence. Mehdi, lui, persiste et signe.

Soufiane Guerrab, Thibaut Cathalifaud et M'Barek Belkouk dans "De bas étage" de Yassine Qnia (2021). (SHANNA BESSON / LE PACTE)

Confronté à de nouvelles responsabilités, comme père, il assume son fils qu’il aime et qu'il a presque imposé à Sarah par négligence. Il ne démord pas pour autant de ses petits coups, et se retrouve comme un paria face à ses proches. La communication devient difficile. Nocturne, feutré et intimiste, De bas étage aurait pu être plein de bruit et de fureur. C’est tout le contraire d’un film qui creuse en profondeur des personnages pris en pleine mutation. Beau geste.

L'affiche de "De bas étage" de Yassine Qnia (2021). (LE PACTE)

La Fiche

Genre : Drame / Policier
Réalisateur : Yassine Qnia
Acteurs : Soufiane Guerrab, Souheila Yacoub, Thibault Cathalifaud, M'Barek Belkouk
Pays : France
Durée : 1h27
Sortie : 4 août 2021
Distributeur : Le Pacte

Synopsis : Mehdi, la trentaine, est un perceur de coffres de petite envergure. Avec ses complices, il tente de s’en sortir mais leurs cambriolages en zone industrielle ne payent plus comme avant et les quelques alternatives professionnelles qui s’offrent à lui ne le séduisent pas. En pleine remise en question, il tente de reconquérir Sarah, mère de son fils d’un an qu’il adore.

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