"Dans la tête de Charles Swan III" : la comédie plus bifluorée de Coppola fils
De Roman Coppola (Etats-Unis), avec : Charlie Sheen, Jason Schwartzman, Bill Murray, Mary Elizabeth Winstead, Patricia Arquette - 1h25 - Sortie : 24 juillet 2013
Synopsis : Graphiste réputé de Los Angeles, Charles Swan est un séducteur excentrique à qui tout a toujours souri. Mais quand son grand amour Ivana, lassé de ses frasques d’homme à femmes, met brutalement fin à leur relation, c’est tout son monde qui s’effondre. Avec le soutien de ses fidèles amis Kirby et Saul et de sa sœur Izzy, il entreprend alors un étrange voyage d’introspection dans son imaginaire, et tente de se résigner à vivre sans Ivana.
Il y a quelque chose de nostalgique dans le cinéma de Roman Coppola. « CQ » se déroulait à l’aube des années 70 à Paris sur le tournage d’un film tout en référence au « Barbarella » de Roger Vadim. "Dans la tête de Charles Swan III" évoque un graphiste célèbre des années 70/80 dans le Los Angeles disco. Il n’est pas si étonnant que ça de voir chez ce réalisateur né en 1965 son attachement à ce qui a forgé sa jeunesse auprès d’un des plus grands cinéastes, amoureux de l’époque qui l’a vu grandir et a forgé sa sensibilité artistique. Des plus kitsch.
Il y a même quelque chose de véritablement touchant dans cet attachement visiblement sincère. Roman Coppola le traduit visuellement avec talent, tant il a de références en la matière. Elles restaient murmurées du bout des lèvres dans « CQ », tant le budget était des plus « cheap ». On sent que "Dans la tête de Charles Swan III" bénéficie de plus de largesses. Les idées visuelles fusent, notamment dans la présentation du personnage de Charles Swan III (Charlie Sheen, très bien casté dans le rôle). Mais aussi dans le délire qui s’en suit. Toutefois cela ne suffit pas. Panne de récit
Etonnant de constater combien sa sœur Sofia a dès son premier film « Virgin Suicide » réussit à allier un univers esthétique, cinématographique, très identifiable, à une qualité de récit qui lui répondait, alors que son frère rame quant à la réussite de la deuxième partie de l’équation. Inventif, il ne parvient pas à faire prendre la mayonnaise en ce qui concerne le récit. S’il met bien en place son sujet, il patine pour le faire décoller, le renouveler, tournant en rond, jusqu’au décrochage, fatal.
Dommage, car il y a là un vrai potentiel et qu’un brin de folie est bien au rendez-vous. La conclusion est tout autant réussie que le début du film, tout en clin d’œil à celle de « La Montagne sacrée » de Jodorowsky, dont l’univers visuel n’est pas très éloigné, à l’image des références de Roman Coppola. Mais il manque un liant, un rythme, une cohésion, une narration qui lui font encore défaut. Savoir faire des images ne suffit pas. Réussir un film reste avant tout savoir raconter une histoire, même si le style est non narratif. Ce qui fait défaut ici. Encore un petit effort, Roman !...
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