"Cold in July", un thriller haletant au casting d'enfer
4 / 5 ★★★★☆
De Jim Mickle (Etats-Unis), avec : Michael C. Hall, Sam Shepard, Vinessa Shaw, Don Johnson - 1h49 - Sortie : 31 décembre 2014
Synopsis : Une nuit de 1989, dans une petite ville du Texas. Richard Dane abat un homme qui vient de pénétrer par effraction chez lui. Cet acte, pourtant considéré comme héroïque par ses voisins, va rapidement l'entraîner dans une spirale sournoise de corruption et de violence. Train d'enfer
Il est rare qu’un réalisateur vienne deux années consécutives à Deauville en compétition. Jim Mickle confirme ainsi son talent déjà probant dans "We Are What We Are", remake du film mexicain “Ne nous jugez pas”. Son dernier film avait également été projeté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et au festival de Sundance. Le cinéaste n’y va pas par quatre chemins, évitant toute scène d’exposition pour entrer d’emblée dans le vif du sujet, dès l’ouverture. Une fois l’action lancée, elle ne s’arrête plus, menée à un train d’enfer, enquillant les rebondissements inattendus, avec des effets chocs qui ne ménagent pas le spectateur, tout en cultivant un sens de l’humour irrésistible.
Reportage de Jean-François Lixon
Il est question ici de famille, d’une famille à protéger, menacée par un dangereux criminel dont le fils a été abattu par un père, pourtant étranger à toute violence, lors de son intrusion dans son foyer. Mais les choses ne sont pas si simples. Le revirement de situation qui va faire basculer le récit est trop savoureux, pour être dévoilé ici. Le film vaut au prime abord par son formidable casting : Michael C. Hall, qui va passer de l’innocence à la rage, Sam Shepard, vieux délinquant récidiviste taiseux implacable, et Don Johnson en détective pittoresque, habillé à la mode western, au volant d’une Cadillac rouge nommée "Red Bitch". Sa première apparition est hilarante.
Transgenres
Si "Cold in July" est un pur thriller du meilleur cru, Jim Mickle flirte avec le fantastique, ce qui était déjà le cas de "We Are What We Are", film de cannibalisme familial. Ici, le déterrement d’un cadavre dans un cimetière nocturne cite un motif classique du cinéma d’épouvante, et la projection de "La Nuit des morts vivants" dans un drive-in souligne avec humour l’empreinte de l’horreur sur son film, genre que visiblement le cinéaste adule. Au-delà de ces références, Jim Mickle s’avère un fin narrateur. Le script, d’après un roman de Joe R. Lansdale, est soigné de bout en bout, avec une mise en forme très aboutie, tant dans l’image que le rythme haletant du récit, avec une montée en puissance jusqu'à un final vertigineux.
Interview de Jean-François Lixon
Mickle est un cinéaste de la violence. Avec lui, elle est sèche, implacable, directe. Pas question de tourner autour du pot, elle explose et le sang gicle, maculant le décor. Il vaut mieux être averti. Pas de quartier ! Par ses sujets et leur mise en scène, le réalisateur se révèle le digne successeur de William Friedkin, qui ne renierait certainement pas cette filiation. Au-delà de la forme, demeure le délicat sujet de l’autodéfense au cœur de "Cold in July". Si le trio du film choisit cette voie, c’est à cause d’une police corrompue et manipulatrice, qui protège des crimes pour servir ses intérêts. Nous sommes au Texas, dès lors, dans ce contexte, la figure du justicier, propre au western, prend le dessus, le film se référant explicitement au genre dans sa deuxième partie. "Cold in July" se révéle un film percutant qui a enthousiasmé Sundance, Cannes et Deauville.
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