Cinéma : dans "Vivre avec les loups", Jean-Michel Bertrand interroge le destin du prédateur de façon apaisée

Alors que la Commission européenne et les États membres discutent d’une réduction du niveau de protection des loups, jugés trop nombreux, le film "Vivre avec les loups", de et avec Jean-Michel Bertrand, tente d’apaiser les débats.
Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
La Commission européenne envisage de classer le loup comme espèce "protégée" et non plus "strictement protégée". (photo d'illustration) (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Le cinéaste Jean-Michel Bertrand piste les loups depuis dix ans et trois films. Après La Vallée des loups, en 2016, et Marche avec les loups, en 2019, il revient en salles mercredi 24 janvier avec Vivre les loups. Dans son nouveau documentaire, il y a d’abord les paysages de cette vallée du Champsaur, dans les Hautes-Alpes, que l’on découvre au fil de saisons.

C’est là que vit Jean-Michel Bertrand, avec comme poste d’observation une incroyable petite cabane en bois construite à même la roche, à flanc de montagne, à 2 040 mètres d’altitude : "Cette cabane, elle est loin de tout, c'est ma vie, dit-il. Moi ma vie, c'est quand je rentre chez moi, relever mes caméras automatiques, comprendre les interactions entre les meutes, qui aujourd'hui sont nombreuses dans nos vallées du Champsaur, de Valgaudemar et du Dévoluy. Et puis, il y a mes petites balades où je vais à la rencontre des gens, des éleveurs, des bergers, des chasseurs qui se disent 'Des loups sont là, qu'est-ce qu'on fait ?'", décrit le cinéaste.

À travers ces allers-retours, le film emmène le spectateur à la rencontre de ces professionnels, en Italie, en Suisse, en France, à la montagne mais aussi en plaine pour évoquer cette cohabitation souvent compliquée avec le loup qui a repeuplé naturellement ces régions au fil du temps. "Moi, ça me plaît bien d'habiter dans un milieu où il y a un grand prédateur comme le loup, raconte un éleveur. Après, ça génère aussi du stress par rapport à mon métier d'éleveur, que je n'avais pas avant. Et je sais qu'aujourd'hui, si je devais me retrouver dans une situation vraiment tendue, je n'exclus pas du tout la possibilité d'un tir."

"Mon combat, finalement, c'est à la fois d'aller vers du dialogue et aussi de mieux comprendre cet animal."

Jean-Michel Bertrand, cinéaste

à franceinfo

"Car aujourd'hui, il y a une petite musique qu'on sent venir où on voudrait éliminer beaucoup de loups, regrette Jean-Michel Bertrand. Pour moi, le fait de tirer un loup, ce n'est pas un souci. Mais le fait de dire 'vous êtes ennuyés par les loups', ce qui est vrai, 'vous souffrez', ce qui est vrai, 'on a une solution, on va enlever des loups et beaucoup de loups'. Et bien ça, c'est du populisme parce que c'est une solution qui n'existe pas. Il suffira qu'il reste un loup qui traîne et il pourra aller attaquer", fait valoir Jean-Michel Bertrand.

ll n'y a pas d’angélisme dans ce film mais un constat et une envie de faire en essayant de trouver des solutions, un hommage aux gens de bonne volonté.

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