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"Ceux qui travaillent" : un film incisif sur le monde de l’entreprise

Dans ce premier long-métrage, Antoine Russbach offre un beau rôle à Olivier Gourmet, un cadre supérieur déboussolé après la perte de son emploi.

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Olivier Gourmet dans Ceux qui travaillent.  (Condor Distribution)

Ceux qui travaillent se lèvent tôt, à 5h45 du matin pour Frank Blanchet (Olivier Gourmet). Il saute dans son costard avant de partir au volant d'une élégante voiture, laissant derrière lui une famille qui se réveille à peine. Premier long-métrage d'Antoine Russbach, Ceux qui travaillent, en salle le 25 septembre, est le premier volet d'une trilogie "articulée autour du modèle médiéval formé par le tiers état (Ceux qui travaillent), la noblesse (Ceux qui combattent) et le clergé (Ceux qui prient)."


Frank est cadre supérieur dans une entreprise de fret maritime. "Je gère des navires que je n'ai jamais vus", explique-t-il. Frank travaille dans un open-space, suit des points rouges (les navires) sur une carte et collabore avec des personnes à l’autre bout du monde qu’il n’a jamais rencontrées. Ce partisan du "travailler plus pour gagner plus" semble s’épanouir dans ce milieu. Son emploi, c’est toute sa vie. Frank est confiant, austère et méthodique. Son environnement est à son image : souvent froid et désincarné, de sa villa avec piscine à l’intérieur noir et immaculé de sa voiture. Pas de musique, mais des silences, les sonneries des smartphones et autres appareils connectés, le froissement des costumes et le couinement des sièges en cuir.

Film social

Un jour, un problème survient sur une cargaison. Un clandestin soupçonné d'être porteur du virus Ebola a embarqué à l’insu de l’équipage. Frank analyse les options qui s'offrent à lui, faire demi-tour ou risquer une quarantaine, toutes très coûteuses. Il prend alors une décision radicale et monstrueuse en demandant au capitaine du bateau de se débarrasser du migrant. Cette initiative va lui coûter son poste. Si Frank ne regrette pas son geste, estimant avoir fait "le sale boulot", c'est un séisme. Après avoir voué sa vie à son entreprise, Frank, maintenant au chômage, ne sait plus où est sa place.

On suit les errances de ce travailleur déchu, qui, toujours en costard-cravate, cherche à sauver les apparences auprès de sa famille en partant au bureau tous les matins. Il est le fil rouge de l'histoire. Un personnage complexe, bien dessiné, magnifiquement tenu par Olivier Gourmet qui donne avec justesse de l'émotion à cet homme impassible, dont le masque se fissure peu à peu. Sa présence à l'écran efface un peu les personnages secondaires, plus en retrait, excepté Mathilde (Adèle Bochatay), la fille de Frank qui va permettre au travailleur de se remettre en question.

Un nouveau regard intéressant sur le monde du travail et sur le déclassement qu'induit la perte d'un emploi. Avec le secteur du fret maritime en toile de fond, Ceux qui travaillent interroge le capitalisme, sans être pour autant un film engagé.


Affiche du film. (CEUX QUI TRAVAILLENT - CONDOR DISTRIBUTION 2019)

La fiche 

Genre : Drame
Réalisateur : Antoine Russbach
Acteurs : Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Louka Minnella
Pays : Suisse - Belgique
Durée : 1h42
Sortie : 25 septembre 2019
Distributeur : Condor Distribution
"Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank consacre sa vie au travail. Alors qu’il doit faire face à une situation de crise à bord d’un cargo, Frank, prend - seul et dans l’urgence - une décision qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, trahi par un système auquel il a tout donné, le voilà contraint de remettre toute sa vie en question."

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