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Cannes 2017 : avec "Rodin", Jacques Doillon dirige Vincent Lindon dans un rôle phare en compétition

Centième anniversaire de la mort d'Auguste Rodin, l'année 2017 est un timing parfait pour le lancement de son biopic, "Rodin". Deux ans après avoir obtenu le prix d'interprétation masculine avec "La Loi du marché", Vincent Lindon revient à Cannes avec Jacques Doillon, qui a été en lice deux fois pour la Palme d'or : en 1991 avec "La Drôlesse" et en 1984 avec "La Pirate".
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Vincent Lindon dans "Rodin" de Jacques Doillon
 (Shanna Besson / Les Films du Lendemain)

Balzac

Vingt-neuf ans après "Camille Claudel" de Bruno Nuyten, avec Gérard Depardieu en Rodin et Isabelle Adjani dans le rôle-titre, Jacques Doillon ouvre son film sur le même événement : la mise en chantier de "La Porte de l’Enfer" commencée en 1880 et sur laquelle le sculpteur œuvra jusqu’à sa mort. C’est sur cette première commande officielle, monumentale, qu’il rencontra Camille Claudel, embauchée comme élève et exécutrice, et qui deviendra sa maîtresse. La relation tumultueuse entre les deux artistes tient une bonne part du film de Doillon, mais pas seulement.

Le cinéaste s’attache particulièrement à un autre chef-d’œuvre du maître, "Le Monument à Balzac" (1891-1897) dont il existe deux versions. C’est sur ce qui est considéré comme l’œuvre ultime de Rodin que se focalise Doillon, car elle synthétise la démarche plastique de Rodin comme avant-gardiste en son art. Il la perfectionna avec obsession, jusqu’à son inauguration officieuse en 1902, l’officielle devant attendre 1939, boulevard Raspail à Paris, vingt ans après la mort de l’artiste. L’œuvre est au centre d’une polémique qui va s’étendre des cercles d’artistes, au politique et au mondain. 

 Izïa Higelin et Vincent Lindon dans "Rodin" de Jacques Doillon
 (Shanna Besson / Les Films du Lendemain)

De chair et de terre

L’intérêt du film émane du constant aller-retour entre l’artiste et l’homme. Pétri de passions, celles-ci s’expriment tant dans l’art que dans la vie de l’homme, Auguste Rodin. Homme à femmes, ses modèles passaient par ses alcôves, comme Rose Beuret qui deviendra sa compagne "officielle", avant de l’épouser en 1917, l’année de sa mort. "Rodin" prend le parti de mettre en constant parallèle le "libertin" et le créateur. Deux êtres qui semblent opposés, mais indissociables, se nourrissant mutuellement. Une des scènes majeures concerne la rencontre entre l’artiste et les danseuses cambodgiennes en 1906 qui s’avèrera un choc esthétique, l’ultime de sa carrière et qui condense peut-être toute sa quête de transmettre de la chair à la pierre, au marbre, à la glaise, à la terre. D’où la persistance des oeuvres érotiques dans son œuvre. Ce qui donne lieu à une merveilleuse séquence mettant en scène simultanément ses agapes charnelles et l’exécution de splendides aquarelles érotiques qui se concluent par l’ébauche d’un triolisme sensuel.

Vincent Lindon s’est totalement investi dans le rôle, physiquement et mentalement, pour incarner la puissance démiurgique de l’artiste, tout comme sa part de fragilité émotive. Izia Higelin donne sa fougue naturelle à Camille, et Séverine Caneele personnalise la rusticité de Rose. Le monde artistique de l’époque défile, notamment au cours de "l’affaire Rodin" autour de son Balzac. Tourné dans des lieux où vécu et séjourna l’artiste, le film n’en demeure pas moins un peu froid dans ses ambiances, et le parti de faire manger leur texte aux comédiens prive trop souvent leurs propos d’une bonne intelligence. "Rodin" n’en demeure pas moins une œuvre forte et personnelle, sur l’acte de création, au croisement de la condition humaine et de la quête d’absolu.

"Rodin" : l'affiche
 ( Wild Bunch Distribution)

LA FICHE

Genre : Drame / Biopic
Réalisateur : Jacques Doillon
Pays : France
Acteurs : Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele
Durée : 1h59
Srotie : 24 mai 2017

Synopsis : À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera "La Porte de L’Enfer" composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme "Le Baiser" et "Le Penseur". Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son "Balzac", rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne.

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