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Cannes 2015 : "Dheepan" de Jacques Audiard n'a pas déçu

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Si le nouveau film très attendu de Jacques Audiard ("Un prophète", "De Rouille et d'os") a été plutôt bien accueilli, il n'a pas non-plus suscité l'enthousiasme. Un beau film, très en phase avec l'actualité des flux de migrants débarquant en Europe, "Dheepan" n'est aucunement militant, mais fait un constat sur les banlieues pas très reluisant, avec une fin un peu à l'emporte-pièce…
La note Culturebox
3 / 5                  ★★★☆☆

Guerrier

Dans un des premiers plans de "Dheepan", l'on voit des migrants au départ du Sri Lanka montant dans un bateau. On ne peut s'empêcher de penser à ces milliers de personnes perdues en Méditerranée depuis des mois. Le personnage de Dheepan et ceux qui montent à bord avec lui, pourraient en être. Arrivés en France, cet ancien soldat tamoul, marqué par la guerre, s'acoquine avec une jeune femme et une petite fille, pour faire figure de famille et faciliter l'obtention de papiers résidentiels.
 


Lui, trouve un travail de gardien dans une cité de la banlieue parisienne, avec l'aide de son épouse virtuelle, et la petite fille trouve sa place à l'école. Tout cela passe très vite, ce qui semble tout de même un peu idyllique. La principale barrière est celle de la langue, bien maigre par rapport aux autres facteurs. La suite sera un peu plus rude. Avec la confrontation de Dheepan face aux gangs rivaux de la cité où il travaille. Son passé de soldat en fait un guerrier implacable auquel aucun des locaux ne s'attend. On le verra à la fin…

Interview de Jeacques Audard :

 

Une dernière scène problématique

"Dheepan" réussit dans le portrait de cette fausse famille qui parvient à tenir dans l'adversité. Le rôle-titre n'est d'ailleurs pas du tout emblématique du film, ils sont tous les trois à égalité, sauf à la fin ou Dheepan prend le dessus. Les acteurs, tous inconnus, non professionnels, sont très justes. La mise en scène de Jacques Audiard reste, elle, très en retrait, mais colle à son personnage qui retrouve dans un pays en paix la guerre.
 

Antonythasan Jesuthasan et Kalieaswari Srinivasan,dans "Dheepan" de Jacques Audiard
 (Wild Bunch)


Sans être ostentatoire, son filmage de la violence est brutal et percutant. Par contre la dernière scène du film, que l'on ne révélera pas, pose problème. Car si on la prend au premier degré, elle reflète une vision quelque peu simpliste de l'intégration. Jacques Audiard risque d'en pâtir pour une reconnaissance ultime à ce Festival. Aussi, malgré les qualités indéniables de "Dheepan", il va certainement passer à côté de la Palme.

Dheepan
De Jacques Audiard (France), avec : Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby - 1h49 - Sortie: 26 août 2015

Synopsis : Dheepan est un combattant de l'indépendance tamoule, un Tigre. La guerre civile touche à sa fin au Sri Lanka, la défaite est proche, Dheepan décide de fuir. Il emmène avec lui une femme et une petite fille qu'il ne connaît pas, espérant ainsi obtenir plus facilement l'asile politique en Europe. Arrivée à Paris, cette « famille » vivote d'un foyer d'accueil à l'autre, jusqu'à ce que Dheepan obtienne un emploi de gardien d'immeuble en banlieue. Dheepan espère y bâtir une nouvelle vie et construire un véritable foyer pour sa fausse femme et sa fausse fille. Bientôt cependant, la violence quotidienne de la cité fait resurgir les blessures encore ouvertes de la guerre.  

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