Cannes 2014 : "Caricaturistes, fantassins de la démocratie" en danger
3 / 5 ★★★☆☆
Réalisé par Stéphanie Valloatto (France), avec Plantu, Slim, Rayma Suprani, Boligan, Zlatkovksy, Kichka, Boukhari, Pi San, Nadia Khiari, Danziger, Zohoré, Glez - 1h46 - Sortie : 28 mai 2014
Synopsis : Douze fous formidables, drôles et tragiques, des quatre coins du monde. Des caricaturistes défendent la démocratie en s'amusant, avec, comme seule arme, un crayon, au risque de leurs vies. Ils sont: français, tunisienne, russe, mexicain, américain, burkinabé, chinois, algériens, ivoirien, vénézuélienne, israélien et palestinien. Tous n'ont qu'un seul credo : défendre la liberté d'expression. L'internationaliste caricaturiste
C'est sans doute la première fois qu'un tel sujet est réalisé, avec une sortie en salles à la clé et une sélection au Festival de Cannes. Ce dernier n'y est pas pour rien. En effet, le film a été initialisé après l'exposition de la 66e édition autour de l'association créée par Plantu (caricaturiste au Monde) Cartooning for Peace/Dessinateurs pour la paix, qui fédère des dessinateurs de presse du monde entier. Présentant le film, Thierry Frémaux, directeur délégué du Festival, précisait que le film avait été retenu dans la sélection officielle, en Séance spéciale, car c'était un des rares documentaires qui traitait du dessin, du graphisme, au cinéma. Pour voir comment l'on pouvait passer de l'un à l'autre.
Reportage: Nathalie Hayter, Georges Pinol, Caroline Labasque Sur ce point, l'on peut être déçu. Le discours est beaucoup plus politique que cinématographique. Le film suit en effet un parcours documentariste assez classique qui valorise, les uns après les autres, chacun des douze caricaturistes participants à travers le monde, à plusieurs moments du film. Il a en soit de remarquable de visiter d'une part douze créateurs, mais également douze pays, avec un courage émanant des caricaturistes très exceptionnels, leurs travaux les mettant en danger, ou en marge de la société, en Russie, en Chine, au Vénézuela, au Mexique, en Côte-d'Ivoire, en Tunisie, en Syrie… Tous aspirent à un même idéal : dire ce que l'on pense, pour tous. Comme une internationale caricaturiste.
Censure – autocensure : la vie n'a pas de prix
Les problématiques sont partout les mêmes, mais s'expriment avec plus ou moins de véhémences selon les régimes politiques. Incroyable de découvrir le Russe Zlatkovsky, au trait d'une beauté et d'une puissance incroyables, le plus connu du pays, interdit de publication, obligé d'être chauffeur de taxi au noir la nuit pour gagner sa vie… Boligan, d'origine cubaine officiant au Mexique, à qui l'on a dit de ne pas toucher au président, l'armée et à la vierge de Guadaloupe, devenus ses principales cibles. Mais à quel prix ?
Le film porte bien son titre, "Fantassins", car ils sont en première ligne, au risque d'être la cible des services spéciaux, pour de simples dessins qui dénoncent, combattent par l'humour des régimes ineptes, corrompus pour beaucoup, intolérants pour tous, envers la liberté d'expression. Chacun y va de sa répression, les variantes se fondant avec celles d'un arc-en-ciel ; sombre. Plantu, à l'initiative de l'association, suit l'équipe de tournage qui a rencontré plus d'une difficulté pour témoigner de ce travail en profondeur. S'il est le mieux loti de tous, il ne rend pas moins en compte l'autocensure ou les pressions auxquelles il doit faire face. Comme quoi la démocratie est en danger partout. Edifiant.
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