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"Ça", une nouvelle adaptation tonitruante mais vaine de Stephen King

Depuis "Carrie", de Brian De Palma en 1976, Stephen King est l’auteur contemporain le plus adapté au cinéma ("Cujo", "Dead Zone", "Christine", "Shining", récemment "La Tour sombre"…). "Ça" a déjà donné une série TV avant d’être désormais un film signé Andy Muschietti. Ce dernier a auparavant œuvré dans le fantastique avec l’intéressant "Mama" (2013), mais il ne transforme pas l'essai.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Bill Skarsgård dans "Ça"  de Andy Muschietti
 (2017 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. AND RATPAC-DUNE ENTERTAINMENT LLC. ALL RIGHTS RESERVED / Brooke Palmer)

L’union fait la force

Auteur prolifique de best-sellers, Stephen King, sincèrement passionné par le genre fantastique, talentueux mais inégal compte tenu de sa production pléthorique, est aussi une énorme machine marketing et commerciale. Il n’est pas avare en déclarations, s’acharnant par exemple sur sa radicale opposition à la version de "Shining" par Stanley Kubrick. Avec "Ça", l’auteur estime qu’il s’agit de son œuvre "la plus personnelle", de quoi appâter le chaland.

Récit autour d’une petite bande de collégiens prise pour cible par les "durs" de l’école, King a sans doute projeté dans "Ça" les souvenirs cruels de l’élève "lunetteux" qu’il était comme souffre-douleur. Carrie était déjà raillée dans son lycée, et le motif - le souffre-douleurs donc - est récurrent dans le cinéma pour adolescents américain. "Ça" le creuse intelligemment en en explorant les origines chez les victimes sous la forme de peurs intimes qui vont s’incarner en une entité destructrice manipulatrice, personnifiée par un clown maléfique. Les collégiens menacés vont la combattre en formant une coalition, dans laquelle ils vont puiser l’énergie nécessaire pour parvenir à leur fin.

Bouh ! Fais-moi peur

Si ce point de départ et le développement du récit sont séduisants, en explorant la psychologie enfantine et adolescente sur le mode d’un récit initiatique, la version qu’en donne Andy Muschietti s’évertue plus à coller aux arcanes du cinéma fantastique et d’horreur qu’à traiter avec subtilité son sujet. Prétexte à l’évocation d’ambiances ambiguës, où les fantasmes s’incarnent dans les zones d'ombre, suggestives des ténèbres de l’inconscient, le film enquille dans sa première partie une série de sketches pour visualiser les peurs de chacun des personnages, à renfort de "Bouh ! Fais-moi peur", pour faire sursauter le spectateur par effets de montage et de gros sons, mille fois vus et entendus, voire subis. La suite se résume à une traque dans la lignée des "Goonies" sur un mode horrifique.
Chosen Jacobs, Finn Wolfhard, Jack Dylan Grazer, Jaeden Lieberher, Jeremy Ray Taylor dans "Ça" de Andy Muschietti
 (2017 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. AND RATPAC-DUNE ENTERTAINMENT LLC. ALL RIGHTS RESERVED / Brooke Palmer)
La production a mis le paquet dans la visualisation de décors soignés et spectaculaires, mais l’esbroufe prend le dessus avec au bout du chemin, une certaine vacuité. Ce qui convient aux commanditaires puisque que Andy Muschietti a signé le deuxième épisode de "Ça", attendu en salles prochainement, où les jeunes protagonistes devenus adultes doivent refaire face au clown maléfique. Espérons que le cinéaste en fasse de même, en adhérant à un fantastique plus mature.
"Ça" : l'affiche
 ( Warner Bros. France )

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Andy Muschietti 
Pays : Etats-Unis
Acteurs : Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Finn Wolfhard, Jack Dylan Grazer, Sophia Lillis, Jeremy Ray Taylor, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs 
Durée : 2h08
Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis : À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s'intégrer se sont regroupés au sein du "Club des Ratés". Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l'école. Ils ont aussi en commun d'avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu'ils appellent "Ça"…
Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu'un petit garçon poursuivant son bateau en papier s'est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sous … 

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