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"Brice 3", éloge de la "jaunesse"

Il est réjouissant de voir l'oscarisé Jean Dujardin reprendre le personnage de Brice qu'il avait créé dans les années 90 pour la scène, devenu un véritable phénomène de société avec la sortie de "Brice de Nice" en 2005. Fort de 4 millions d'entrées, le surfeur frimeur a contaminé les cours d'écoles, les préados devenant son fond de commerce avec son lexique de répliques cultes.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Jean Dujardin dans "Brice 3" de James Huth
 (Christine Tamalet / 2016 Mandarin Production - JD Prod)

De la "cancrologie" comme un des Beaux-Arts

Il y a un prestige du cancre à l'école. C'est celui qui ose, brille par ses échecs tournés en dérision, pour en faire souvent l'icône de la classe, avec une étoffe de rebelle. Le personnage de Brice surfe sur cette aura en en faisant un jeune adulte (même si Dujardin a aujourd'hui 44 ans), resté dans l'enfance, immature, égotique, inculte, dilettante, néanmoins pourvu d'un fort potentiel de sympathie.

Les deux films reposent sur ses épaules. Mais James Huth, à la réalisation, déjà signataire du premier film, ne démérite pas dans l'installation de codes indissociables du personnage. Il a le talent de faire déteindre le rôle sur la mise en scène, dans une laideur assumée de l'image, où le jaune, couleur emblématique de Brice, envahit tout le champ visuel. Notamment dans le parc d'attraction monté par son double négatif, au cœur du film. Clovis Cornillac, en "Marius de Fréjus", avec ses pieds réduits à deux énormes pouces, et à la pilosité "robinssonienne", ne démérite pas non plus.

K C

Reposant plus sur un comique de situation que sur l'art de la répartie, "Brice" se plaît toutefois à aligner les saillies dont la stupidité constitue le sel. On frise l'absurde et le nonsensique, à l'origine des meilleurs moments des films. L'autodérision est de mise. Celle du concept de franchise, si tendance, en passant directement de "Brice de Nice" à "Brice 3", "parce que le 2, je l'ai cassé", est encore le meilleur gag du film.

Clovis Cornillac et Jean Dujardin dans "Brice 3" de James Huth
 (Christine Tamalet / 2016 Mandarin Production - JD Prod)

Cassé par qui ? Brice ? James Huth ? La critique ? Cette dernière n'est pas si véhémente que cela (voir la critique positive du "Monde" de mardi qui a fait le buzz). Parce qu'elle reconnaît la cohérence de ce Gloubi-boulga élégiaque, très français, du cancre. Prendre soin cependant que cette montée en neige reste dans le pré-carré du second degré. Ce qui n'est pas forcément acquis au regard de ce qui peut être observé dans certains comportements. K C ? Pas tant k'ça.

"Brice 3" : l'affiche
 (Gaumont Distribution)

LA FICHE

Comédie de James Huth (Etats-Unis) - Avec :  Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone, Alban Lenoir, Noëlle Perna - Durée : 1h35 - Sortie : 19 octobre 2016

Synopsis : Brice revient ! Le monde a changé, mais pas lui. Quand son meilleur ami, Marius, l’appelle à l’aide, il part dans une grande aventure à l’autre bout du monde, où un alter ego a créé un parc à son nom. Les voyages forment la "jaunesse" mais restera-t-il le roi de la casse ?

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