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"Bâtiment 5" : Ladj Ly confirme son talent dans le deuxième film d’un triptyque sur les banlieues

Après les rapports banlieue-police dans "Les Misérables", Ladj Ly filme la démolition annoncée d’une barre d’immeuble où une jeune femme a grandi. Une drame social filmé comme un thriller.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Aristote Luyindula et Anta Diaw dans "Bâtiment 5" de Ladj Ly (2023). (STARB FILMS - LILY FILMS 6 - FRANCE 2 CINEMA 6 -  PANACHE PRODUCTION - LA COMAPGNIE CINEMATOGRAPHIQUE)

Les Misérables avait révélé un cinéaste, Bâtiment 5 le confirme, Ladj Ly sait raconter et mettre en scène des histoires. Il puise dans son vécu dans les banlieues une dramaturgie quasi-antique, en la filmant à l’américaine, avec dynamisme et relances. La continuité avec Les Misérables va au bénéfice du film, que l’on voit rapidement comme le deuxième pan d’une trilogie dont Ladj Ly a confirmé le tournage du troisième opus.

Vécu de l'intérieur

Active au Conseil municipal de sa commune, Haby apprend que le réaménagement du quartier où elle a grandi comprend la démolition de la barre d’immeuble où elle habite. Elle bat le tambour autour d’elle pour empêcher le jeune pédiatre propulsé maire de sa commune de réaliser ses ambitions.

Film social, donc politique, Bâtiment 5 creuse la thématique des Misérables en l’abordant sous un jour différent. De l'équation flics-banlieue, Ladj Ly passe au vécu de l’intérieur d’Haby qui entreprend d‘empêcher de voir disparaître son cadre de vie. Il y a une métaphysique devant un tel dilemme. Et c’est une partie du talent de Ladj Ly que de transmettre cette dimension dans la mise en scène dynamique d’un quotidien toujours renouvelé, grâce à une dramaturgie prenante. Notamment en raison d'acteurs convaincants et au premier chef de la jeune Anta Diaw, pour la première fois dans un premier rôle.

Thriller social

Le film ne cite pas la ville où il se déroule, car le drame qui s’y joue est universel. Haby, issue de l’immigration, donc d’un déracinement, va à nouveau être déracinée. Si elle parvient à mobiliser autour d’elle, le combat semble perdu d’avance. Aussi, n’est-ce pas tant son issue qui importe, que les jalons qui y mènent et l’image qu’en donne Ladj Ly. Cette dernière est celle d’une déconnexion entre le pouvoir et les citoyens, en termes d’empathie et de dialogue.

Le rapport de force entre police et habitants des Misérables – qui au final rapprochait leurs deux situations – est transposé dans le versant administratif du pouvoir, tout aussi politique, mais encore plus cloisonné. Ce qui étonne dans Bâtiment 5, c’est la force et l'énergie avec lesquelles Ladj Ly fait passer le message. Le parcours de Haby est mené comme dans un thriller, où une communauté plonge dans le labyrinthe de l'administration comme sur les rails d’un Grand Huit.

L'affiche de "Bâtiment 5" de Ladj Ly (2023) (LE PACTE)

La fiche

Genre : Drame
Acteurs : Anta Diaw, Alexis Manenti, Aristote Luyindula, Steve Tientcheu, Aurélia Petit, Jeanne Balibard, Bass Dhem, Judi Al Rashi
Pays : France
Durée : 1h40
Sortie : 6 décembre 2023
Distributeur : Le Pacte

Synopsis : Haby, jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Mené en catimini par Pierre Forges, un jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l'immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.

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