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"Bande de filles", la banlieue au féminin sans cliché ni compromis

"Bande de filles", le film de Céline Sciamma ouvrait la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2014. Il raconte la dérive d'une jeune fille d'origine africaine qui ne parvient pas trouver sa place. Elle la dénichera au sein d'un groupe de quelques filles hyperviolentes. Ce ne sera qu'un répit et son chemin vers l'âge adulte empruntera encore d'autres chemins de traverse bien dangereux. Captivant.
Article rédigé par franceinfo - Jean-François lixon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Bande de filles" vue partielle de l'affiche du film
 (dr)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

De Céline Sciamma. Avec Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh, Marietou Touré, Idrissa Diabaté - 1h 52. Sortie : 22 octobre 2014.

Synopsis : Céline Sciamma ne porte pas de message. Elle raconte une histoire. Celle d'une jeune fille de 16 ans, Marieme, qui vit dans une cité HLM entre sa maman femme de ménage souvent absente, ses deux petites soeurs dont elle s'occupe et son grand frère macho, tyrannique et violent. Le jour où elle apprend que la voie d'une seconde générale lui est fermée au profit d'une formation professionnelle courte, la colère la saisit pour ne plus la lâcher. C'est le jour aussi où elle rencontre une nouvelle famille, une bande de trois filles à la recherche d'une quatrième. L'adolescente bien tranquille va devenir l'une des ces filles-pirates qui n'hésitent pas à déchainer l'ultraviolence contre d'autres filles à l'occasion de rencontres fortuites ou organisées.
Un destin rejeté
Cette histoire de bande ne durera pas. Elle sera pour Marieme devenue Vic (comme Victoire) l'occasion de comprendre qu'elle ne veut pas du destin que lui préparent son frère et son petit amoureux, celui d'une femme qui ne sortira jamais de sa cité et se contentera d'élever les enfants de son mari. Vic essaiera tout, ou presque. Elle se travestira en garçon, car elle a compris que moins elle sera féminine, moins elle prêtera le flanc au machisme imbécile des garçons de la cité, elle deviendra dealeuse dans les beaux quartiers, elle refusera pourtant ce que d'autres acceptent : tomber sous la coupe du proxénète beau parleur de la cité. 

Des regards, des attitudes
L'essentiel de ce film n'en est peut-être pas l'histoire elle-même mais plutôt la manière dont elle est menée. Ce sont les mots (à l'évidence édulcorés quand on connait le langage véritable des filles des cités), les gestes, les attitudes, les regards et tout ce qui n'est pas dit. Cette vision fugace, par exemple, d'une de ces filles violentes et sexy, dormant le pouce dans la bouche, comme un petit enfant.
 

Un casting minutieux
C'est en croisant ces "bandes de filles" dans le métro ou dans le quartier des Halles, à Paris, que la cinéaste a eu envie de ce film. De la vision de ces jeunes filles noires, pleine de vie, de rires, de connivence et d'aggressivité, elle a compris qu'il y avait à raconter des histoires qu'on n'avait encore pas vues au cinéma. Le casting a duré quatre mois et des centaines de filles ont passé des auditions. Plusieurs dizaines seront retenues pour les rôles secondaires et les figurations. Quatre aux profils très différents obtiendront les rôles principaux. Parmi elles, Karidja Touré, visage féminin et doux au début, volontairement viril et déterminé ensuite, excellente comédienne sur qui repose la presque totalité du film. Une fois encore, la prestation dramatique de tous ces acteurs amateurs (un seul ne l'est pas parmi les jeunes) est une claque pour bien des comédiens professionnels. Le naturel et la justesse de tous ces interprètes font même oublier qu'ils jouent pour l'essentiel des dialogues écrits à l'avance.

"Bande de filles" est le troisième long métrage de Céline Sciamma après "Naissance des pieuvres" présenté à Cannes en 2007 dans la sélectiom "Un certain regard" et "Tomboy" en 2011.

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