"Alceste à bicyclette" : Luchini et Wilson de concert
De Philippe Le Guay (France), avec : Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa, Laurie Bordesoules - 1h44 - Sortie : 16 janvier
Synopsis : Au sommet de sa carrière d’acteur, Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle et vit reclus sur l'île de Ré. Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision adulé des foules, le rejoint pour lui proposer de jouer «Le Misanthrope» de Molière. Serge n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste ? Il propose à Gauthier de répéter la grande scène 1 de l’Acte 1, entre Philinte et Alceste. Au bout de cinq jours de répétition, il saura s’il a envie de le faire ou non.
Pamphlet
Beau duo d’acteurs que forment Fabrice Luchini et Lambert Wilson dans cet « Alceste à bicyclette » signé Philippe le Guay (« Les femmes du 6e étage »). Avec en guest star, Molière et son « Misanthrope » déclamé par les deux comédiens, comme en ponctuation, tout le long du film. Mais si le théâtre et le statut de l’acteur sont au cœur, c’est avant tout une comédie franchement drôle au ton corrosif, sans l’être trop.
Le plaisir de jouer, la rivalité entre interprètes participent d’« Alceste à bicyclette », comme à un pamphlet sur le petit monde des arts du spectacle, notamment parisiens, et ceux qui l’habitent. Luchini et Wilson sont au diapason avec en bouche des répliques qui font mouche sur toute la durée. Sans compter sur les alexandrins du « Misanthrope » qui rythme l’action d’un film, pourtant, à des lieux du théâtre filmé. Ou d’un huis-clôt, alors que l’action se situe sur une île et souvent entre les murs d’une maison, et pour beaucoup entre deux personnages.
Deux Alceste pour le prix d'un
Philippe le Guay introduit le spectateur dans une intimité, celle de deux personnages qui se cherchent mutuellement, et trouvent dans ceux du XVIIe siècle de Molière, leur propre reflet. Dans Alceste plus que Philinte, Luchini et Wilson se disputant constamment pour jouer le premier rôle. Si le premier est plus spontanément identifié au rôle-titre de la pièce de Molière, le second n’en n’est pas moins un autre.
Mya Sansa vient quelque peu mettre son grain de sel dans ce duo de rivaux et, elle aussi, aura son rôle à jouer. « Alceste à bicyclette » est ponctué de moult diversions, telle la patronne de l’hôtel, sa nièce – actrice de films X -, l’agent immobilier, le chauffeur de taxi… Ils alimentent maintes scénettes qui aèrent le récit et lui donnent de l’énergie, comme les promenades à bicyclette, qui donne son titre au film. Piquant et néanmoins poignant dans le portrait de ces deux comédiens en quête de reconnaissance, et prêt à écraser l’autre (en toute amitié…), « Alceste à bicyclette » joue d’une tonalité originale, enjouée et sensible, avec un dénouement en forme de pirouette inattendue et jouissive.
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