"A Beautiful Day" : un film dans la veine de "Taxi Driver" qui divise

Taxi driver

Dernier film projeté en compétition officielle, "A Beautiful Day" avait partagé une critique mise à rude épreuve d’une sélection plutôt ardue, tant sur la forme que sur le fond. L’accueil fut soit dithyrambique, soit franchement frisquet. Récit éclaté d’un homme investi d’une mission, torturé par un trauma qui l’a mis hors-piste, Joe (Joaquin Phoenix) est au carrefour de ces deux réalités qui s’entremêlent, s’emmêlent sans jamais se démêler.
Au final : un film d’une confusion revendiquée, à l’image de son personnage, un anti-héros acharné à extirper une préadolescente d’un réseau de prostitution, et looser embourbé dans le souvenir. Habité d’une violence inouïe, Joe est détaché de toute compassion envers ceux, de tous poils, qui se mettent sur son chemin. Un rôle qui n’est pas sans rappeler celui de Travis (Robert De Niro) dans "Taxi Driver" de Martin Scorsese, Palme d’or en 1976. Son arme de prédilection : le marteau, référence au formidable "Old Boy" de Park Chan-Wook, Grand Prix à Cannes en  2004.

Paradoxes

La réalisatrice britannique n’est pas pour autant convaincante au fil de son film noir, nocturne… des plus sombres. De longs plans sans voix, succèdent à des ellipses, dynamisées par des effets de montage humoristiques, paradoxaux par rapport au propos, et des moments de violence paroxystiques très explicites. Comme cet auto-arrachage de dent, en écho au traumatique "Bug" (2006) de William Friedkin.

Alors que le film inspire des réserves, il a enthousiasmé le critique Michel Ciment, référence éminente en la matière, directeur de publication de la revue "Positif", que nous avons rencontré en fin du Festival du Cannes, après la projection. A ses yeux le long métrage méritait la Palme. Les avis sont donc des plus partagés sur "A Beautiful Day", film difficile et radical, violent et chaotique.

LA FICHE