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"47 Ronin" : Keanu Reeves en samouraï sans âme

Carl Rinsch, petit génie du film publicitaire, a à l’évidence été choisi pour ses compétences techniques pour réaliser "47 Ronin", film d’action épique et fantastique situé dans le Japon médiéval, avec de nombreux effets spéciaux à la clé et en 3D. La technique est assurément au rendez-vous, mais pas forcément le frisson.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Keanu Reeves dans "47 Ronin" de Carl Rinsch
 (Universal  Pictures International France)

De Carl Erik Rinsch (Etats-Unis), avec: Keanu Reeves, Hiroyuki Sanada, Kô Shibasaki, Tadanobu Asano, Min Tanaka, Rinko Kikuchi - 1h59 - Sortie : 2 avril 2014

Synopsis : Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l'honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l'aide de Kai - un demi sang qu'ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d'effroyables dangers. Cet exil sera l'occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur lame la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d'insoumis l'énergie de marquer à jamais l’éternité.

Film de sabre
La légende des 47 ronin est un classique issu de  l’histoire japonaise datant du XVIIIe siècle, l’équivalent de notre « Chanson de Roland », en quelque sorte. Aujourd’hui encore, un culte est voué chaque année aux 47 tombes de ces samouraïs qui ont vengé leur honneur déchu. Un ronin est en effet un samouraï répudié, ou qui a renié l’autorité de son seigneur ou dont ce dernier a été tué. Il est ainsi déshonoré par l’absence de rattachement au maître auquel il avait dédié sa vie, se retrouvant errant et sans guide.

L’histoire des 47 ronin, comme celle des Chevaliers de la Table ronde, a été enrichie et remaniée au fil des années, jusqu’à cette version américaine, servie par un casting à dominante japonaise, avec Keanu Reeves en tête d’affiche qui a déjà tâté du sabre et des arts martiaux dans la trilogie « Matrix ». Reeves n’est pas un des acteurs les plus expressifs, ce qui se vérifie encore. Mais ce manque d’émotion rejaillit sur tout le film qui n’en reste pas moins méritoire dans le registre du film de sabre, un genre à part entière dans la tradition du cinéma japonais, ici à la sauce américaine.

Rinko Kikuchi, la sorcière de "47 Ronin" de Carl Rinsch
 (Universal  Pictures International France)

Amour sorcier
« 47 Ronins » n’en demeure pas moins visuellement somptueux, avec des paysages spectaculaires, de riches décors, des costumes aux couleurs chatoyantes : un régal pour les yeux. Les effets spéciaux qui animent un bestiaire fantastique bigarré - de l’araignée venimeuse au dragon serpentin, en passant par une créature que l’on croirait sortie de la planète Pandora d’« Avatar ». Aussi, le personnage le plus réussi demeure la sorcière Mizuki, sous les traits de la splendide  Rinko Kikuchi qui, dans une interprétation classique, fait passer toute la perfidie de son rôle, avec une très belle palette de métamorphoses.

La rhétorique japonaise de l’honneur est respectée. Mais ce magnifique livre d’images, en 3D « gonflé » assez efficace, reste dénué d’émotion. L’action est privilégiée, mais les enjeux lacunaires. Les personnages sont comme des soldats de plomb que le metteur en scène balade de scène en scène, d’épreuve en épreuve, sans sentiments, alors qu’ils sont leur motivation dans le scénario, même si l’on sait que la tradition japonaise est discrète sur le chapitre. Demeure un réalisateur aux manettes qui fait le job en en donnant au spectateur pour son argent, l’émotion en moins.

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