Richard Widmark : mort d'un acteur qu'on aimait détester

En chapeau mou ou coiffé d'un Stetson de cow-boy, il avait incarné le "bad guy", le méchant, dans de nombreux films.
_ A commencer par Le carrefour de la mort, d'Henry Hathaway en 1947, le film qui avait lancé sa carrière : il y balançait une vieille dame paralytique dans un escalier, avant d'éclater d'un rire malsain... La scène allait faire le succès du film, et offrir à l'acteur plusieurs rôles du même acabit.
Pour son 50ème film, Les cheyennes, de John Ford en 1964, il se voit offrir un gâteau avec l'inscription "à ton centième cadavre", allusion aux deux morts qu'il avait à son actif par film, en moyenne...

Mais Richard Widmark sera assez malin -et talentueux- pour ne pas s'enfermer dans ce genre de rôle : dans La toile d'araignée de Vincente Minnelli, il joue un psychiatre entièrement voué à la guérison de ses patients ; dans Alamo de John Wayne, il incarne un des héros de l'histoire américaine : Jim Bowie, l'un des compagnons de Davy Crockett.

Widmark aura surtout l'intelligence de tourner avec les meilleurs réalisateurs de l'époque : au long de ses quelque soixante films, il passera devant les caméras de John Ford, Elia Kazan, Otto Preminger, Don Siegel, Sydney Lumet, Robert Aldrich...
_ Il sera également l'un des premiers acteurs à se lancer dans la production.

Son dernier film, en 1991, aura été True colors de Herbert Ross. Loin, très loin, du tueur pervers du Carrefour de la mort.