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Raul Ruiz: disparition d'un exilé "de culture universelle"

Le cinéaste franco-chilien est mort ce vendredi à Paris d’une infection pulmonaire, à l’âge de 70 ans. Auteur d’une œuvre foisonnante et poétique, il a notamment reçu le prestigieux prix Louis-Delluc pour son film fleuve "Mystères de Lisbonne".
Article rédigé par franceinfo
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C’est l’histoire d’un étudiant en théologie de 33 ans qui fuit la dictature chilienne en 1973 pour s’installer à Paris. Il se fait très vite remarquer pour ses films marqués par la fantaisie du surréalisme. Une œuvre innovante sur le plan formel est à la fois intellectuelle, drôle et onirique, à la façon des romanciers d'Amérique latine Gabriel Garcia Marquez et Jorge Luis Borges.

"L'Hypothèse du tableau volé" en 1979. "Trois vies et une seule mort", l'un des derniers rôles de Marcello Mastroianni et sélection officielle au festival de Cannes 1996. "C'était un conteur des mille et une nuits", réagit le président du festival Gilles Jacob.

Il offre un début de carrière à Melvil Poupaud en 1984 avec "La ville des pirates". Suivront une dizaine de films, dont "Dans un miroir" ou "Généalogies d'un crime".

"Il habitait son monde, un monde de jeunesse, de fantaisie et d'érudition, avec une invention formelle incroyable. C'était un artiste guidé par des visions d'un onirisme fin et secret", selon l'actrice Arielle Dombasle, qui a tourné cinq films avec lui.

L’an dernier, il remporte le Prix Louis-Delluc pour l’un de ses derniers grands projets : "Les Mystères de Lisbonne", plongée romanesque de 4h30 dans l’Europe du XIXe siècle.

"C'était une personne venue d'une autre époque, qui connaissait tout sur tout, d'une culture immense à tous points de vue, et qui était à cheval entre deux pays, le Chili et la France. Il aimait le mélange de ces diverses cultures. Il a fait des films dans différents pays du monde", souligne son producteur. Le Chili où il sera inhumé "conformément à sa volonté".

C’est un digne "héritier des Lumières" qui disparaît, note l’Elysée dans un communiqué. L'inspiration de Raul Ruiz, "homme d'une culture universelle, puisait dans le patrimoine de tous les arts et de tous les pays, comme en témoignent ses adaptations des grands romanciers français qu'il aimait". De son côté, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a rendu hommage à l'"inlassable créateur" dont l'univers "d'une profonde originalité, peuplé de trouvailles formelles fascinantes, reste largement inexploré".

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