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"Entre les murs", "Le cercle de poètes disparus", "Etre et avoir" : ces films qui parlent d'école et de transmission

On aurait tendance à l'oublier : le monde a les yeux rivés sur Rio mais aujourd'hui c'est la Journée Internationale de l'Education. L'occasion de revenir sur cinq long-métrages qui traitent de l'école et de ses valeurs, dans ou en dehors de la salle de classe.
Article rédigé par franceinfo
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Robin Williams est Mr Keating dans ce film anticonformiste
 (RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA)
1.
"La guerre des boutons" de Yves Robert (1962)

Deuxième adaptation du roman de Louis Pergaud  (1912), "La Guerre des boutons" d'Yves Robert prend toutefois une certaine liberté avec l'oeuvre originale. A ce titre, la réplique devenue culte du personnage de petit Gibus, "Si j'aurais su, j'aurais po' v'nu", n'est pas dans les pages du livre. Outre la guerre que se livrent dans la forêt deux bandes de gosses rivales - ceux de Longeverne et de Velrans -, l'école constitue l'un des repères de la première partie du film. L'instituteur y est incarné par Pierre Trabaud (1922-2005). Pour écrire son scénario, Robert s'est lui même inspiré des moments qu'il avait passés enfant dans la cour de l'école privée de Pouancé et des rapports de rivalité qu'il avait entretenus, lui et ses camarades, avec les enfants de l'école communale. 

2.
"Le cercle des poètes disparus" de Peter Weir (1989)

" Ô Capitaine ! mon Capitaine" lâchent un à un les élèves debout sur leur bureau, comme pour rendre un dernier hommage à celui qui vient de changer leur vie par son approche du monde et de la litterature, Mr Keating. Ce professeur de lettres anglaises aux méthodes peu orthodoxes aura permis au génial Robin Williams (1951-2014) de tenir l'un des rôles les plus forts de sa carrière en dehors de la comédie, dans un film qui a marqué toute une génération. Invitant ses étudiants à penser par eux-mêmes (en arrachant par exemple la page de garde d'un bouquin où figurent des consignes de lectures des poèmes), à refuser les schémas préétablis et à profiter de l'instant présent, Keating est un merveilleux porte-étendard de la liberté face aux diktats et codes du conformisme contemporain. Le jeune Todd Anderson (Ethan Hawke), bouleversé par cette rencontre, fait aussi l'expérience de la force des mots qui peuvent changer l'existence d'un individu. 

3.
"Etre et avoir" de Nicolas Philibert (2002)

Présenté au Festival de Cannes en 2002, ce film documentaire remportera plusieurs récompenses dont le Prix du cinéma européen et le César du meilleur montage l'année suivante. Chef opérateur de formation, Nicolas Philibert montre la vie d'une classe unique, composée d'enfants âgés de 4 à 11 ans, dans la commune rurale de Saint-Etienne-sur-Usson (Auvergne). Les conditions d'enseignement privilégiées avec un petit effectif, les méthodes pédagogiques proposées et la relation instituteur-élèves sont au coeur de ce travail. Une immersion dans l'éducation et, plus spécifiquement, dans cette phase si importante où l'enfant se dote des fondamentaux que sont la lecture, l'écriture et le calcul.

4.
"La Vague" de Dennis Gansel (2008)

Réalisé en 2008 par l'Allemand Dennis Gansel, "La Vague" est aujourd'hui régulièrement utilisé comme support pédagogique par les professeurs de collèges qui abordent les régimes totalitaires du XXe siècle. Il a par ailleurs fait partie du programme pédagogique du Festival International du Film d'Histoire de Pessac en 2011, année consacrée au thème "La conquête du pouvoir". "La Vague", long-métrage inspiré de faits réels, raconte l'histoire d'un professeur d'histoire, Rainer Wenger, qui met en place avec ses élèves un jeu de rôle autocratique. L'objectif ? Montrer comment, en constituant une communauté régie par des codes, un salut (mouvement de vague avec le bras), un symbole et un uniforme, il est possible d'instaurer les bases d'un système dictatorial. On devine la suite. Le jeu grandeur nature dépasse le cadre des cours et le professeur perd le contrôle de ses élèves. Le film, efficace (le fait de situer l'action dans l'Allemagne des années 2000 est judicieux) reprend l'une des thèses défendues par la philosophe Hannah Arendt : malgré les leçons apprises du Nazisme et du Stalinisme, le totalitarisme est toujours possible dans une société démocratique malade. N'importe où, n'importe quand. 

5.
"Entre les murs" de Laurent Cantet (2008)

Lui aussi est tiré d'un roman. Et une adaptation réussie visiblement. En 2008 Sean Penn, président d'un jury cannois unanime, attribue la Palme d'or à "Entre les murs", signé par Laurent Cantet. Le pitch : François est un jeune professeur de français d'une classe de 4e dans un collège ordinaire réputé difficile du 20e arrondissement de Paris. Il devra "affronter" ses élèves, Esméralda, Souleymane, Khoumba et les autres. François n'hésite pas à sortir du cadre académique et à pousser les adolescents jusqu'à leurs limites fin de les motiver, quitte à parfois prendre le risque de l'excès. A noter que l'auteur du livre originel n'est autre que François Bégaudeau, qui joue le rôle du professeur. 

6.
BONUS. "Elephant" de Gus Van Sant (2003)

Non pas parce qu'il s'agit de parler de transmission ou d'éducation (encore que)... "Elephant" (Gus Van Sant, 2003) est un film puissant, nécessaire, inspiré de la tuerie dans un lycée de Columbine aux Etats-Unis en 1999. On se rend compte de ce que la fiction, sans enlever quoi que ce soit au documentaire de l'oscarisé Michel Moore, peut nous apporter dans la compréhension d'un même événement. 

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