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Pourquoi le nouveau "Dallas" risque de faire un impitoyable bide

Faire revivre l'esprit d'une série culte est une vieille formule déjà connue des grandes sociétés de production américaines. Dernière en date: le remake de "Dallas". 

Article rédigé par Isabel Contreras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les personnages de "Dallas" ont accepté de réinterpréter leur rôle pour le remake de la série culte. (WARNER HORIZON TV / THE KOBAL COLLECTION / AFP)

Melrose Place et 90210 Beverly Hills avaient déjà tenté le coup, en vain. Malgré toute la bonne volonté, les remakes de séries télé cultes des années 80 et 90 virent souvent à l'échec commercial, et le constat est sans appel : les formules éculées finissent par lasser. Revue de détail.

Des personnages qui vieillissent mal

A 81 ans, J.R. pourrait voir ses chances de survie fortement diminuées si on lui tire dessus. Et il ne serait pas étonnant que l'octogénaire ne provoque plus la même ferveur que dans les années 80, lorsque des millions de personnes suivaient avec attention chaque mouvement du cow-boy millionnaire, avide de pouvoir et cruel.

S'ils furent mythiques à leur époque, les personnages de nos séries cultes sont désormais en pleine décadence. Même la méchante Amanda Woodward (interprétée par Heather Locklear) dans Melrose Place, n'a pas réussi à tirer vers le haut l'audience du remake de la série, qui a perdu 600 000 spectateurs entre le pilote et le deuxième épisode. 

Même constat pour la meilleure amie de Brenda, Kelly Taylor (Jennie Garth) dans Beverly Hills, qui n'a pas pu éviter l'échec du remake de la série californienne, diffusée en 2008 aux Etats-Unis et en 2009 en France.

• Les mêmes entourloupes en pire

Presque vingt ans plus tard, près de 5 millions de personnes ont regardé le premier épisode de la série 90210 Beverly Hills : deuxième génération. Les aventures des nouveaux Brandon, Brenda, Kelly et Dylan ont attiré beaucoup de nostalgiques. Mais l'émotion a vite tourné au vinaigre. Face aux critiques adressées à la série pour son ton léger, ses actrices excessivement maigres et ses scènes de sexe cru, les producteurs n'ont pas signé pour une troisième saison.

"Parfois, ils exagèrent tellement la réalité que la série perd son âme. Beverly Hills n'est qu'un autre exemple mais attendons de voir la nouvelle version de Dallas, déclare Ioanis Deroide, spécialiste des séries télé contacté par FTVi. Je ne pense pas qu'ils reproduisent la même famille Ewing, celle qui reposait sur un modèle patriarcal."  

• Des scénarios mous du genou

Dans la mémoire des plus grands fans, Dallas restera toujours cette série "impitoyable" aux chutes inattendues qui savaient tenir le spectateur en haleine jusqu'à l'épisode suivant. Le grand challenge des remakes est donc de rester à la hauteur. Mais jusqu'à présent, il n'y a eu que des flops. Pierre Sérisier, journaliste passionné de séries et auteur du blog Le monde des séries, est catégorique dans son dernier billet.  

"Dallas fait, certes, vibrer la corde nostalgique pour certains d'entre nous tout autant qu'elle s'adresse à ceux qui n'étaient pas encore nés à l'époque et qui ont encore tout à découvrir. Toutefois, avec le recul qu'offre le temps, on a juste envie de passer à autre chose. Dallas, c'était formidable hier. Oui, ne le nions pas. Mais c'était hier", écrit-il.

Ioanis Deroide avance pourtant que le remake peut parfois connaître le succès, "si la série originale est seulement plus mauvaise que celle qui a été réadaptée. De cette manière-là, la comparaison est toujours positive." Ce fut le cas de Galactica, aujourd'hui Battlestar Galactica. Produite en 1978, cette série de science-fiction est réactualisée en 2004 par Ronald D. Moore. En changeant quelques intrigues et en tenant compte des développements de l'Histoire (il fait notamment référence aux attentats du 11 septembre), Moore et son équipe ont été recompensés par trois Emmy Awards en 2007 et 2008.

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