"Parkland" : l’autopsie au scalpel de l’assassinat de J. F. K.
De Peter Landesman (Etats-Unis), avec : Zac Efron, Marcia Gay Harden, Billy Bob Thornton, Paul Giamatti - 1h34 - Sortie : 2 octobre 2013
Synopsis : 22 novembre 1963, 12 h 38. C’est un patient peu ordinaire qui arrive en urgence au Parkland Memorial Hospital de Dallas. Il s’agit du président John F. Kennedy, sur qui on vient de tirer alors qu’il traversait Dealey Plaza en limousine décapotée, acclamé par la foule. Tandis que la nouvelle se répand dans le monde, une page méconnue de l’histoire s’écrit dans cet hôpital qui n’était absolument pas préparé à affronter cet événement. Autour du corps, les questions et les émotions s’accumulent. La pression monte. Proches, anonymes, officiels, tous vont être confrontés à une prise de conscience et à des décisions qui changeront leur vie à jamais…
L’anti-"J. F. K."
"Parkland" est aux antipodes du "J. F. K." d’Oliver Stone, très engagé dans la thèse du complot défendu par le procureur de la Nouvelle Orléans, Jim Garrison. Le film de Peter Landsman est resserré sur trois jours à partir de l’assassinat, et autour d’un petit groupe d’anonymes, directement impliqués dans la gestion de cet événement traumatique qui devait les toucher à jamais. Un angle et un parti pris qui participent à la qualité de la mise en scène, aux frontières du documentaire et de la fiction.
L’arrivée du président gravement blessé sur la table d’opération est des plus réalistes, avec les multiples tentatives de réanimation par des chirurgiens maculés de sang. Jamais le corps meurtri de JFK n’aura été représenté de telle manière, même si à aucun moment l’on ne voit son visage. Marque d’une pudeur à mettre au bénéfice du film. Les protagonistes de "Parkland" sont ces médecins et infirmières, les membres des services de sécurité du président, le responsable des services secrets américains, Forrest Sorrels, et Abraham Zapruder, l’auteur du fameux film amateur qui devait graver à jamais les images de l’assassinat dans les consciences. Mais l’on y croise évidemment également le vice-président Johnson, Jacqueline Kennedy, Lee Harvey Oswald, son frère Robert et leur mère.
Minutie entomologique
Peter Landsman filme au plus près les événements à travers les yeux de ses protagonistes, tous inspirés de personnes réelles. Adapté de l’ouvrage de Vincent Bugllosi, "Four Days in Novembre : The Assassination of President John F. Kennedy, "Parkland" tire parti de cette enquête minutieuse qui privilégie les témoignages de première main, plutôt que l’analyse. Il émane de ce regard tout en retrait, une certaine froideur qui sert le film, où l’émotion s’efface au profit d’une approche que l’on pourrait qualifier, pour paraphraser le titre d’Otto Preminger, d’"Autopsie d’un meurtre".
Reconstitution au cordeau du drame et de son immédiat prolongement, "Parkland" s’attarde tout particulièrement sur le personnage d’Abraham Zapruder, la production bénéficiant pour la première fois du témoignage de sa famille, lui-même étant décédé en 1970. Lee Harvey Oswald, l’assassin présumé, est également privilégié, mais surtout son frère Robert et sa mère Marguerite, des personnes peu mentionnées dans cette terrible affaire, du moins pour les deux dernières. Une évocation passionnante à la mise en scène raffinée, en phase totale avec son sujet et son approche autant originale qu'inédite.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.