Oscars 2024 : le triomphe d'"Oppenheimer", "Anatomie d'une chute" primé, le show de Ryan Gosling... Ce qu'il faut retenir de la 96e cérémonie

Le film de Christopher Nolan repart avec sept statuettes dont celle du meilleur film et de la meilleure réalisation. Justine Triet et son compagnon Arthur Harari ont été primés pour le scénario d'"Anatomie d'une chute".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
Toute l'équipe du film "Oppenheimer" autour des producteurs Emma Thomas et Charles Roven et du réalisateur Christopher Nolan recevant l'Oscar du meilleur film, à Los Angeles, le 10 mars 2024. (PATRICK T. FALLON / AFP)

C'est de la bombe pour Oppenheimer. Le film sur le père de l'arme atomique s'est taillé la part du lion lors de la 96e cérémonie des Oscars qui s'est tenue dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 mars à Los Angeles. Il est reparti du Dolby Theatre avec sept statuettes, dont les plus prestigieuses du meilleur film et de la meilleure réalisation.

En course dans cinq catégories, Anatomie d'une chute a remporté le prix du meilleur scénario original. Enfin, si Barbie n'a remporté qu'une seule statuette, les chansons du film de Greta Gerwig ont fait le spectacle lors de la cérémonie, animée avec brio par l'animateur Jimmy Kimmel. Franceinfo vous résume cette 96e cérémonie des Oscars.

"Oppenheimer" écrase la concurrence

C'était le grand favori. Nommé 13 fois, Oppenheimer a remporté sept Oscars : meilleur film et meilleure réalisation donc, mais aussi meilleur acteur pour Cillian Murphy, meilleur acteur dans un second rôle pour Robert Downey Jr., meilleure musique originale pour le Suédois Luwig Göransson, meilleur montage pour Jennifer Lame et meilleure photo pour Hoyte van Hoytema. Il s'agit des premiers Oscars dans la carrière du cinéaste, dont les films précédents avaient comptabilisé quatre nominations.

Avec Oppenheimer, Christopher Nolan cumule donc succès critique et public puisque le long-métrage a engrangé plus d'un milliard de dollars de recettes au box-office. "Je voudrais juste dire que les films ont à peine plus de 100 ans. Je veux dire, imaginez être là 100 ans après l'invention de la peinture ou du théâtre. Nous ne savons pas où nous mènera cet incroyable voyage, mais savoir que vous pensez que j'en fais partie est très important pour moi", a déclaré Christopher Nolan, 53 ans, en recevant son Oscar de la meilleure réalisation des mains de Steven Spielberg.

Christopher Nolan et sa bande n'ont donc laissé que des miettes à la concurrence parmi laquelle Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos a su tirer son épingle du jeu avec quatre statuettes : meilleurs maquillages et coiffures, meilleurs décors, meilleurs costumes et meilleure actrice pour Emma Stone. Déjà lauréate pour La La Land, elle était favorite avec Lily Gladstone nommée pour Killers of the flower moon. Le film de Martin Scorsese est reparti bredouille de la cérémonie malgré 10 nominations.

Justine Triet ne repart pas bredouille

Les réalisateurs Arthur Harari et Justine Triet lauréats de l'Oscar du meilleur scénario original pour "Anatomie d'une chute", à Los Angeles, le 10 mars 2024. (RODIN ECKENROTH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

En lice pour cinq Oscars, Anatomie d'une chute a été sacré meilleur scénario original, comme aux Golden Globes début janvier. Très heureuse et essoufflée, Justine Triet est montée sur scène accompagnée de son compagnon Arthur Harari avec qui elle a écrit le script de la Palme d'or durant le confinement causé par la pandémie de Covid-19. "Je pense que ça m'aidera à traverser ma crise de la quarantaine", a-t-elle déclaré au moment de récupérer la prestigieuse statuette. La réalisatrice de 45 ans est revenue sur la genèse de ce film durant laquelle "il n'y avait pas de séparation entre l'écriture et les couches", en référence à la gestion de ses deux enfants durant le confinement.

Avant la cérémonie, Justine Triet avait lâché un petit scoop au micro de Canal+. Lors du déjeuner des nommés aux Oscars, Arthur Harari a ainsi pu échanger longuement avec Steven Spielberg. "Il se retrouve qu'il voulait qu'on se rencontre, et il nous a commandé un scénario, c'est la chose la plus absurde qu'on ait vécue", a révélé la réalisatrice. Arthur Harari a confirmé la discussion avec le célèbre cinéaste, mais a d'abord tempéré l'annonce : "C'était complètement hasardeux de se retrouver à côté de lui, on a beaucoup parlé, non il n'y a pas du tout de projet, mais il avait l'air d'être très intéressé par le scénario." Avant de préciser que le réalisateur de La Liste de Schindler a dit qu'il aimerait "qu'un jour [nous lui écrivions] un scénario de ce niveau de complexité". "Je suis tombé de ma chaise", a ajouté Arthur Harari.

Tout le casting du film, les producteurs Marie-Ange Luciani et David Thion, étaient présents à Hollywood, tout comme Messi, le chien qui joue Snoop. L'animal a eu droit à un hommage du maître de cérémonie Jimmy Kimmel qui a salué son jeu d'acteur. "Messi, le chien d'Anatomie d'une chute est là. Il est incroyable, je n'avais pas vu d'acteur français manger du vomi comme ça depuis Gérard Depardieu", a-t-il lancé.

Ryan Gosling enflamme la scène

C'était LE moment que tout le monde espérait. Depuis l'annonce des nominations, la prestation de Ryan Gosling sur I'm just Ken, nommé à l'Oscar de la meilleure chanson originale, était attendue. Et elle n'a pas déçu. Scintillant dans son costume rose, l'acteur a commencé son show juste derrière Margot Robbie, sa partenaire dans le film de Greta Gerwig. Lunettes noires sur le nez, l'acteur, très vite rejoint par Mark Ronson, le producteur du titre et de la bande originale du film, a visiblement pris beaucoup de plaisir à pousser la chansonnette. Sur scène les attendaient danseurs et les autres Ken du film. Slash, du groupe Guns N'Roses, est même venu faire un solo de guitare. Toute la salle a repris le chant en karaoké, à commencer par les actrices du film Margot Robbie, America Ferrera, mais aussi la réalisatrice Greta Gerwig, et même Emma Stone. 

Pourtant, Ryan Gosling n'a pas gagné l'Oscar de la meilleure chanson originale, ni même celui du meilleur second rôle pour lequel il était nommé. Mais Barbie, nommé huit fois, a pu se consoler grâce à Billie Eilish, qui a donc remporté au nez et à la barbe de Ken le prix de la meilleure chanson. Son titre What was I made for ?, composé avec son frère, l'artiste Finneas O'Connell, lui permet de glaner son deuxième Oscar après celui gagné en 2022 avec le titre No Time To Die, chanson du James Bond, Mourir peut attendre.

Des lauréats évoquent Gaza et l'Ukraine

La cérémonie a aussi été marquée par deux prises de paroles fortes pour deux conflits majeurs en cours : celui en Ukraine, qui est entré dans sa troisième année, et celui à Gaza entre le Hamas et Israël, qui a débuté le 7 octobre. Lauréat de l'Oscar du meilleur film international pour La Zone d'intérêt, le Britannique Jonathan Glazer a rappelé que son film, qui raconte le quotidien du directeur du camp d'Auschwitz et de sa famille, "montre comment la déshumanisation mène au pire". "A l'heure actuelle, nous sommes ici en tant qu'hommes qui réfutent le fait que la judéité et l'Holocauste soient détournés par une occupation qui a conduit à des conflits pour tant d'innocents, qu'il s'agisse des victimes d'octobre, des morts, des victimes du 7 octobre en Israël ou de l'attaque en cours sur Gaza", a ajouté le réalisateur.

Mstyslav Chernov, lui, a été primé dans la catégorie du meilleur documentaire pour 20 jours à Marioupol, qui revient sur le bombardement d'un hôpital pédiatrique en Ukraine en mars 2022. "C'est le premier Oscar dans l'histoire de l'Ukraine. Et je suis honoré", a-t-il déclaré. "Mais je vais être probablement le premier réalisateur sur cette scène à dire : 'J'aurais aimé ne jamais avoir fait ce film.' Je souhaiterais pouvoir échanger cela contre le fait que la Russie n'ait jamais attaqué l'Ukraine, n'ait jamais occupé toutes ces villes. (...) Je souhaite qu'ils libèrent tous les otages, tous les soldats qui protègent leurs terres, tous les civils qui sont actuellement en prison. Mais je ne peux pas changer l'histoire. (...) Nous pouvons faire en sorte que les pendules de l'histoire soient remises à l'heure et que la vérité prévale et que les habitants de Marioupol et ceux qui ont donné leur vie ne soient jamais oubliés."

"Parce que le cinéma crée des souvenirs et les souvenirs créent l’histoire."

Mstyslav Chernov, réalisateur du documentaire "20 jours à Marioupol"

sur la scène des Oscars

"Il y a plus de deux ans, la Russie a brutalement attaqué Marioupol. '20 jours à Marioupol' est un film qui montre la vérité sur le terrorisme russe", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram. "Le monde a vu la vérité sur les crimes russes. La justice gagne", a ajouté sur X le chef de cabinet du président, Andriï Iermak.

John Cena se met à nu pour les meilleurs costumes

Il y a 50 ans, lors de la 46e édition des Oscars, Robert Opel, un photographe, traverse la scène, nu comme un ver en courant et en faisant le signe de la paix. Le maître de cérémonie, l'acteur David Niven, réussit à garder son flegme. Mais l'image est passée à la postérité, comme le raconte Le Parisien. Pour rendre hommage à ce moment épique des Oscars, Jimmy Kimmel et l'ancien catcheur John Cena ont régalé l'assistance d'un sketch dont la cérémonie a le secret. L'acteur est donc arrivé nu sur scène pour remettre les meilleurs costumes. "Les costumes sont vraiment importants, c'est sans doute le plus important et je ne peux pas ouvrir l'enveloppe..." a-t-il soufflé, la dite enveloppe cachant son sexe. Finalement aidé par le maître de cérémonie, John Cena a pu donner le nom de la lauréate : Holly Waddington pour Pauvres créatures.

Le palmarès complet

Meilleur film : Oppenheimer

Meilleure réalisation : Christopher Nolan (Oppenheimer)

Meilleur scénario original : Anatomie d'une chute, de Justine Triet et Arthur Harari

Meilleur scénario adapté : American Fiction, de Cord Jefferson

Meilleur acteur : Cillian Murphy (Oppenheimer)

Meilleure actrice : Emma Stone (Pauvres créatures)

Meilleur second rôle masculin : Robert Downey Jr. (Oppenheimer)

Meilleur second rôle féminin : Da'Vine Joy Randolph (Winter Break)

Meilleure musique originale : Ludwig Göransson (Oppenheimer)

Meilleure chanson originale : What Was I Made For ?, de Billie Eilish (Barbie)

Meilleur film international : La Zone d'intérêt, de Jonathan Glazer

Meilleur film d'animation : Le Garçon et le Héron, de Hayao Miyazaki et Toshio Suzuki

Meilleure photographie : Hoyte van Hoytema (Oppenheimer)

Meilleurs décors : James Price, Shona Heath et Zsuzsa Mihalek (Pauvres créatures)

Meilleurs costumes : Holly Waddington (Pauvres créatures)

Meilleurs maquillages et coiffures : Nadia Stacey, Mark Coulier et Josh Weston (Pauvres créatures)

Meilleur montage : Jennifer Lame (Oppenheimer)

Meilleur son : Tarn Willers et Johnnie Burn (La Zone d'intérêt)

Meilleurs effets visuels : Takashi Yamazaki, Kiyoko Shibuya, Masaki Takahashi et Tatsuji Nojima (Godzilla Minus One)

Meilleur documentaire : 20 jours à Marioupol, de Mstyslav Chernov

Meilleur court métrage documentaire : The Last Repair Shop, de Kris Bowers et Ben Proudfoot

Meilleur court-métrage : La Merveilleuse histoire d'Henry Sugar, de Wes Anderson et Steven Rales

Meilleur court-métrage d'animation : War Is Over! Inspired par the Music of John & Yoko, de Dave Mullins et Brad Booker

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.