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"Nomadland" : Frances McDormand bouleversante dans l'Amérique des démunis

Les trois Oscars du film récompensent le sujet, la réalisation et une actrice hors-pair.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Frances McDormand dans "Nomadland" de Chloé Zhao (2020). (THE WALT DISNEY COMPANY)

Oscarisé pour Fargo en 1997, puis 3 Billboards en 2018, Frances McDormand est à nouveau sacrée meilleure actrice en 2021 avec Nomadland. Le film de Chloé Zhao qui sort mercredi 9 juin a aussi remporté la statuette du meilleur film et de la meilleure réalisation.

"Sans maison"

Au Nevada, la crise économique fait perdre à Fern son travail de manutentionnaire. Veuve, sans enfant, elle décide de prendre son van et la voie d’une vie nomade, seule. Elle croise Swankie qui l’initie à une communauté de gens comme elle. Au fil de ses rencontres, visite à la famille, amitiés, solitude, route et contact avec la nature, Fern découvre une philosophe de vie.

Long comme la route est longue, Nomadland traverse l’Amérique du Nevada (nord-est) à l’Arizona (centre-est). Road movie solitaire ponctué de rencontres, le film narre une solitude. La conduite, les repas esseulés, le sommeil dérangé, les réparations et tuiles diverses sont le lot de Fern. Mais tout n’est pas noir grâce à Swankie (jouée par elle-même), puis Dave (David Stratham), ses visites dans les grands parcs, réunions collectives, où le rire et la solidarité dominent, la réflexion aussi.

Pionnière

Fern a trouvé sa voie. A la question d’une fillette lui demandant si elle est "une sans abris" ("homeless"), elle lui répond "non, une sans maison" ("houseless"). Comme elle le répète, son van est son "home", sa maison donc. Damnée de la terre, au sens marxiste, elle tire de son dénuement l’énergie qui la fait vivre. Elle est en cela une prolétaire. La route est sa "came". Chloé Zhao la filme comme un documentaire en soignant les grands espaces, les rocailles, thème récurrent du film, l’air, l’eau, le vent, le temps aussi.

Frances McDormand dans "Nomadland" de Chloé Zhao (2020). (THE WALT DISNEY COMPANY)

Militante, Frances McDormand, de tous les plans, joue à répétition des femmes allant à l’encontre de ce que l’on attend d’elle. Flic héroïque enceinte dans Fargo, mère dénonçant l’enquête bâclée de la police sur la mort de sa fille dans 3 Billboards, elle est dans Nomadland l’antisystème incarnée. Fern n’est pas une rebelle, elle ne fait pas de vagues, les autres s’en chargent contre elle. Mais elle garde le cap. Elle renoue en fait avec les premiers pionniers qui ont fait l’Amérique, la violence en moins. Le désespoir traverse le film, mais c’est l’espoir qui domine, dans ce portrait de femme et d’une classe sociale, propre à l’Amérique. Le film de la semaine.

L'affiche de "Nomadland" de Chloé Zhao (2020). (THE WALT DISNEY COMPANY)

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Chloé Zhao
Acteurs : Frances McDormand, David Strathairn, Gay DeForest, Charlene Swankie
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h48
Sortie : 9 juin 2021
Distributeur : The Walt Disney Company France

Synopsis : Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain.

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